Dimanche Ouest France (Morbihan)
En Australie, la retraite à 67 ans creuse les écarts
Sur l’île-continent, l’âge d’éligibilité à la pension de retraite publique passe à 67 ans cette année. Un report qui pénalise les plus fragiles, même si le système est bien différent de celui de la France.
En juillet 2023, tous les Australiens nés après le 1er janvier 1957 ne seront éligibles à la retraite publique qu’à partir de 67 ans. C’est la fin de la mise en application d’une mesure introduite en 2009 et qui, depuis 2017, voit l’âge de départ à la retraite repoussé de six mois tous les deux ans passant de 65 à 67 ans.
La raison invoquée est la même qu’ailleurs : le vieillissement de la population met sous pression le système de financement. Pour autant, la réforme est passée presque sans protestation. « Elle faisait partie d’un ensemble de mesures qui visaient aussi à augmenter les pensions », rappelle Peter Whiteford, professeur à l’Université nationale australienne de Canberra.
Cette retraite publique d’environ 1 200 € pour une personne seule reste basse et insuffisante pour vivre.
« C’est une pension forfaitaire qui n’est pas basée sur vos revenus
antérieurs », précise l’expert en politiques publiques et sociales.
Elle est complétée par une garantie de retraite obligatoire, issue d’une cotisation de l’employeur sur un fonds d’épargne privé pendant la carrière du salarié (10,5 % du salaire). Accessible avant la pension publique, cette garantie est très inégale selon les revenus perçus durant la période active des Australiens.
Lors de leur retraite, nombre de ménages qui ont perçu de bas salaires ou connu des périodes sans emploi dépendent ainsi surtout de la pension publique. Et sont obligés de continuer à travailler pour s’en sortir.
Pour Ian Henschke, de National Seniors Australia, principal organisme représentant les personnes âgées dans le pays, le report de l’âge de la retraite accroît la pauvreté chez ceux qui ne peuvent plus travailler à 65 ans et doivent, désormais, « attendre 67 ans avec une pension de chômage qui est beaucoup plus faible ».
Les plus pauvres pénalisés
Sans pour autant plaider pour un retour à la retraite à 65 ans, souhaité par le parti écologiste, National Seniors Australia appelle à une « plus grande flexibilité » et appelle à la création d’un « tribunal indépendant » qui permettrait de s’assurer que « toute personne dépendant de la pension dispose d’un montant suffisant pour couvrir les frais de subsistance de base ».
Peter Whiteford confirme aussi que l’augmentation de l’âge d’éligibilité à la retraite se révèle inéquitable. Notamment pour les personnes « dont l’espérance de vie est moindre », comme les populations autochtones qui vivent en moyenne dix ans de moins que le reste des Australiens.