Dimanche Ouest France (Morbihan)
La fibre optique se fait toujours attendre
Un bras de fer juridique est engagé autour du déploiement de la fibre dans des villes moyennes, entre l’opérateur Orange et le « gendarme des télécoms », l’Arcep.
Le « gendarme des télécoms » accuse Orange de retards dans le déploiement de la fibre optique. Dans près de 3 000 communes, certains habitants attendent toujours d’être reliés à ce réseau Internet très haut débit. Dans une mise en demeure publiée vendredi mais datant de mars 2022, l’Arcep (1) demande à l’opérateur de respecter ses engagements.
Des villes moyennes dénoncent les retards dans le déploiement de la fibre optique. Que dites-vous aux élus locaux ?
Je leur reprécise que nous avons mis en demeure Orange en mars 2022 au niveau national, sur les objectifs que l’entreprise avait pris devant le gouvernement. Il faut reconnaître qu’Orange avait déployé la fibre à un rythme soutenu ces dernières années. Un ralentissement inquiétant est constaté depuis environ dix-huit mois. Mais Orange est une grande entreprise. On espère donc qu’elle satisfera à ses obligations par le biais de cette mise en demeure. Elle ne peut pas rester sourde à l’exaspération des élus et des citoyens.
Les retards portent sur des zones (2) où le déploiement de la fibre est réservé aux opérateurs privés ?
Des opérateurs, dont Orange, se sont engagés à couvrir 100 % des locaux situés sur ces zones d’ici à 2022. Or,
fin 2022, Orange n’en avait rendu raccordables que 88 %. L’opérateur est très loin de ses objectifs.
Orange dit avoir atteint ses objectifs, mais que la hausse démographique dans ces villes a été supérieure aux prévisions…
Orange s’était engagé à déployer la fibre optique sur une liste précise de communes. Elle a souscrit volontairement ces objectifs devant le gouvernement. La lecture de ses engagements ne laisse aucun doute. C’est d’ailleurs ainsi que les collectivités l’ont compris.
Le déploiement de la fibre est souvent effectué par des soustraitants,
avec des dérives…
Nous nous sommes aperçus que les opérateurs n’avaient pas mis en place de processus de contrôle sur ce que faisaient les agents sur le terrain. Il y avait des pratiques pas acceptables. Aujourd’hui, la filière nous a présenté un plan d’action, avec deux engagements : les opérateurs n’auront que deux rangs de soustraitance et ils vont mettre en place un système certifiant que ces agents sont bien formés pour faire des opérations sur le réseau.
Mais Orange cherche à gagner du temps ?
Orange a contraint le Conseil d’État à surseoir à statuer sur le jugement de fond. Je regrette cette manoeuvre, qui est à la fois une façon de gagner du temps sur ses engagements, mais aussi une tentative de désarmer le régulateur que nous sommes.
(1) Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse.
(2) Ces zones moyennement denses, dites zones AMII, couvertes par Orange, représentent près de 3 000 communes. L’opérateur SFR en couvre environ 600.