Dimanche Ouest France (Morbihan)

« Partout je dois prouver que je suis la mère »

- Témoignage Propos recueillis par P. L. G.

«Je m’appelle Sabrina G. et je suis en train de faire les démarches pour m’appeler Sabrina D.F., le nom de ma mère. Je porte le nom d’un homme, mon père biologique, que je n’ai jamais connu. Monsieur est parti quand j’avais un mois et demi et n’est jamais revenu. La cicatrice s’est résorbée avec le temps, mais elle s’est rouverte à la naissance de ma fille, en 2015.

J’avais demandé à son père de la déclarer sous nos deux noms à la mairie, mais il n’a mis que son nom. Or, on n’avait que quelques jours pour faire rectifier le nom à l’état civil. Je n’étais pas contente mais cette rectificat­ion n’était pas ma priorité, car je venais d’accoucher et ne suis rentrée à la maison qu’au bout de cinq jours.

En 2018, on s’est séparé et j’ai voulu rajouter mon nom en nom d’usage à notre fille. À l’époque, il fallait l’autorisati­on du père. « Hors de question, m’a-t-il répondu. Je me battrais pour que ça n’arrive jamais. » Un jour, j’ai été contrôlée en voiture avec ma fille qui avait 2 ans et demi. Je n’avais pas le livret de famille, on a été amenées au commissari­at pour vérifier qu’elle était bien ma fille. Après la colère et la honte, on se dit que les policiers font bien leur travail… Mais qu’on aimerait ne pas revivre cette situation. À l’hôpital aussi, je dois prouver que je suis la mère.

Je ne cherche pas à enlever le

nom du père à ma fille, juste à accoler le mien. Maintenant, avec la loi du 1er juillet 2022, il ne peut plus s’y opposer. Je vais d’abord prendre le

» nom de ma mère et ensuite, je l’accolerai à celui de ma fille.

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| PHOTO : DR Sabrina et sa fille Séléna. Toutes deux prendront le nom de leurs mère et grand-mère.

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