Dimanche Ouest France (Morbihan)
François Boudet, fabricant de cornemuse irlandaise
Carentoir — Au XVIIIe siècle, les Irlandais fabriquaient des uilleann pipes, ou cornemuse irlandaise, en buis. Aujourd’hui, les méthodes ont changé. François Boudet est un fabricant de cet instrument.
Depuis très jeune, François Boudet est passionné de musique. Avec ses parents, il fréquentait les fest-noz. C’est sans doute ce qui l’a motivé à apprendre à jouer d’un instrument. Aujourd’hui, il est bassiste et contrebassiste dans plusieurs groupes. Depuis 2010, il fabrique un instrument traditionnel irlandais à Carentoir : le uilleann pipe.
« J’ai toujours aimé l’instrument. Il y avait des joueurs renommés comme Loïc Bléjean ou Patrick Molard. À force d’écouter leurs albums, je me suis intéressé aux musiciens irlandais. J’ai pris des cours au groupement culturel de Redon, puis j’ai commandé un instrument à Ronan Olivier, luthier à Saint-Laurent-surOust, explique François Boudet. Dans son atelier, je suis allé l’aider et apprendre des choses. J’ai travaillé sur mon instrument, puis nous avons créé une association Tib Ilin qui veut dire uilleann pipe en breton. L’idée était d’aider les joueurs de la région à régler, fabriquer et entretenir cet instrument. »
De la musique traditionnelle
Le pays de Redon est riche en musiciens traditionnels. Parmi les joueurs, on trouve, entre autres, Louis Priour, un spécialiste des anches, Ronan Olivier ou Loïc Joucla. « C’est en amateur que je fabrique les uilleann pipe, c’est une passion, explique François Boudet. Peut-être qu’un jour, je développerais ce savoir-faire. C’est un instrument compliqué dans le jeu et dans la fabrication. Il y a plein de choses à régler avec sept anches, une poche, un soufflet et un régulateur. Il faut avoir une certaine autonomie et écouter les joueurs, le tout mixé aide à fabriquer cet instrument. »
Une fabrication complexe
Pour la fabrication, François Boudet a acquis une polyvalence : il faut être plombier, métallier, tourneur, et avoir l’oreille musicale. « J’ai fabriqué les alésoirs. Il faut être chaudronnier, ébéniste, travailler le cuir… ce serait compliqué d’industrialiser. Je forge. J’ai acheté un tour. Je fabrique les poches, je n’ai pas fabriqué le clavier mais ça va évoluer. Les tubulures sont en ébène, en buis, poirier, prunier, cerisier. La fabrication demande plusieurs mois, détaille-t-il. Un bon instrument coûte cher. Nous sommes une équipe, nous partageons nos connaissances et sommes en relation avec une association
en Irlande qui nous donnent des plans et des infos pour que les personnes sachent fabriquer et continuent l’héritage des fabricants irlandais. »
Cette année, les 18 et 19 mars, à l’étang moderne de Rochefort-enTerre, a lieu un stage où interviendra Colm Brodérick, sacré meilleur instrumentiste du groupe Planxty.