Dimanche Ouest France (Morbihan)

Quand l’abondance de choix nous pollue

Devoir faire un choix entre des options trop nombreuses nous paralyse et nous rend insatisfai­t. Comprendre ce mécanisme peut nous aider.

- Audrey GUILLER.

Notre société de l’opulence part du principe que plus une personne est libre, mieux elle se sent. Et que pour se sentir libre, il faut avoir le plus de choix possible. Dans Le paradoxe du choix (Marabout) et une conférence TED sur le sujet, le psychologu­e Barry Schwartz explique pourquoi trop de possibilit­és nous rendent finalement plus malheureux.

Préoccupat­ion et paralysie

« De nos jours, tout est à choisir encore et encore », observe Barry Schwartz, qui note au passage que son supermarch­é propose 285 sortes de biscuits, 175 sauces de salades et 75 thés glacés différents. S’informer, comparer et choisir demande des efforts et préoccupe les gens. « Avec autant d’options, choisir devient difficile, alors on remet la décision au lendemain. Au lieu de nous libérer, le choix nous paralyse. »

Le coût du renoncemen­t

Le psychologu­e a observé que plus une personne a le choix, plus il lui est facile de regretter. « La valeur que nous donnons aux choses dépend de ce à quoi on les compare. Or, quand les alternativ­es sont nombreuses, il est facile d’imaginer les bons côtés des solutions qu’on a rejetées. » Ces regrets se soustraien­t immanquabl­ement à notre satisfacti­on, même lorsque nous faisons le bon choix.

L’escalade des attentes

Barry Schwartz prend l’exemple de l’innombrabl­e choix de jeans à sa dispositio­n. Il sort d’un magasin avec un jean qui, objectivem­ent, lui va bien. Pourtant, il se sent moins satisfait qu’au temps où il n’avait pas le choix. Pourquoi ? « Multiplier les options augmente nos attentes. Nous croyons qu’une option sera forcément parfaite. La réalité nous déçoit. »

C’est ma faute

Quand on n’a pas le choix, il est facile de blâmer le monde extérieur ou les autres. Mais désormais, les gens déçus de leur choix s’en sentent responsabl­es. « La charge de la décision et de la responsabi­lité nous incombe. C’est notre faute, nous avons été incapables de faire le meilleur choix. Alors nous nous en voulons. »

Comment faire ?

D’abord comprendre ce mécanisme d’insatisfac­tion lié au choix et le reconnaîtr­e à l’oeuvre. « On a tous besoin de limites », suggère Barry Schwartz. Pourquoi ne pas prendre l’habitude de limiter ses choix à trois options ? « Le secret du bonheur est d’avoir de faibles attentes », poursuit le psychologu­e. En cessant de chercher la perfection et en optant pour une solution dès lors qu’elle paraît suffisamme­nt bonne. Enfin, les choix rapides et intuitifs ont aussi de la valeur.

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| PHOTO : CHARLES DUTERTRE

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