Dimanche Ouest France (Morbihan)
Il est temps de réveiller le volcan rennais
Défait lors de cinq de ses six dernières sorties, le Stade Rennais n’a plus vraiment d’autre choix que d’engranger face à Clermont, quatre jours avant de jouer son avenir en Ligue Europa.
Les Rennais se sont préparés au combat. Enfin, tout du moins Bruno Genesio, arrivé hier en conférence de presse avec quelques notes statistiques destinées à appuyer son analyse.
Avec cinq défaites sur les six dernières rencontres disputées par ses Rouge et Noir, dont une à la fois décevante et déroutante face au Shakhtar Donetsk jeudi dernier (2-1), le coach savait qu’il devait faire front face à la générale incompréhension que certaines de ses récentes décisions et déclarations ont suscitée.
Avant Clermont, il a donc tenu à remettre l’église au milieu du village sur un point précis : non, il n’est «ni un Bisounours, ni devenu complètement fou », et oui, il est bien conscient que ce que produit le Stade Rennais depuis presque un mois « n’est pas acceptable », qui plus est pour une formation qui se déclare prétendante au podium. « Il y a des choses qui ne fonctionnent pas, qu’on doit régler, et qui ne sont pas admissibles à ce niveau-là, c’est sûr. Je ne dis pas que le match (contre Donetsk) était parfait, vous avez peut-être mal interprété. Mais il y a des motifs d’espoirs : sur certains postes, sur des choix que j’ai faits, sur un état d’esprit… »
« C’est un peu long pour trouver des solutions… »
Point par point, Bruno Genesio a défendu ses options, de Bourigeaud replacé au milieu de terrain, à la titularisation d’une charnière Omari-Belocian encore inédite. Jusqu’à son discours du moment, plus empreint de satisfaction que de remise en question malgré le nouveau camouflet à
Varsovie. « Un discours utopique, ou trop positif, comme vous l’avez appelé, a-t-il lancé. Mais quand on est dans des périodes très difficiles, il y a deux solutions : soit on s’apitoie sur notre sort, soit on cherche des solutions. C’est un peu long pour les trouver pour l’instant, mais ça va venir. »
La patience, seulement, le Stade Rennais n’a plus le luxe d’en faire preuve : le barrage retour de Ligue Europa se profile dès jeudi, et accroître, à l’issue de la venue de Clermont ce dimanche, le retard accumulé sur le podium de Ligue 1 (sept points sur Marseille) serait un coup plus que brutal sur les ambitions de deuxième partie de saison. Bruno Genesio a beau opposer « qu’entre décembre et février l’année dernière, on avait fait exactement la même série, sept défaites en onze matches, et ça ne nous avait pas empêchés d’enchaîner derrière. » Le cas ne fait pas jurisprudence.
Et face à la liste des défaillances actuelles dans le jeu des Rennais – où sont passées la solidité défensive et l’efficacité offensive ? –, le frémissement, en termes de caractère, entrevu contre le Shakhtar doit s’amplifier pour venir à bout d’une formation clermontoise positionnée plus bas qu’auparavant. « Comme sur les derniers matches qu’on vient de vivre, on aura certainement la possession en notre faveur, et une équipe en face qui va jouer tous les coups à fond », pronostique Genesio.
Ce qui n’avait pas réussi aux Bretilliens à l’aller, il y a à peine plus d’un mois (défaite 2-1 dans le Puy-de-Dôme), date du début de leur dégringolade. « On doit une revanche, même
si c’est plus par rapport à nous-mêmes qu’aux adversaires. On se doit d’être plus exigeants, plus compétitifs. Meilleurs dans beaucoup de domaines. J’ai la chance d’avoir un groupe qui ne subit pas, comme moi. Le résultat n’est pas instantané, mais j’ai bon espoir qu’on retrouve ce qui faisait notre force il n’y a
pas si longtemps. »
L’an passé, la réception de Clermont (6-0) avait sonné la révolte rennaise, le début d’un automne étincelant. À choisir, plutôt que de l’aller, il vaudrait mieux pour les Rennais s’inspirer de ce scénario-ci.