Dimanche Ouest France (Morbihan)

Thomasson : « Le public, c’est une vraie force »

Après Nantes et Strasbourg, le néo-Lensois Adrien Thomasson poursuit son tour des terres de football. Le milieu de terrain décrit sa relation particuliè­re avec les supporters au fil de sa carrière.

- Jean-Marcel BOUDARD.

Entretien

Adrien Thomasson (29 ans), milieu du RC Lens et ancien joueur du FC Nantes (2015-2018).

Nantes, Strasbourg, Lens, trois terres de foot. Est-ce un hasard ?

Dans ma carrière, Nantes a été le premier club avec un fort engouement. Il y a des supporters très présents, mais aussi le soutien d’une région entière. Le choix de Strasbourg s’inscrivait dans cette continuité, avec un soutien populaire très important. Après ces deux clubs, je me voyais mal retombé dans un club sans ferveur.

Le public a compté dans vos choix de carrière ?

Ce n’est pas le seul critère, mais c’est un élément important. Quand j’ai commencé à jouer en Ligue 1, j’ai découvert plusieurs stades et j’ai vu que l’apport des supporters était vraiment important. Je voulais des clubs qui me portent et poussent l’équipe. À Nantes, Strasbourg et Lens, on représente plus qu’un club.

Les relations ne sont pas toujours faciles. À Nantes, après un nul contre Dijon (1-1, 2016-2017), les supporters avaient crié “Mouillez le maillot !”. Et vous aviez dit les comprendre…

J’arrive à me mettre à leur place. S’ils viennent au stade, c’est pour prendre du plaisir et voir les joueurs donner le maximum. Les supporters que j’ai connus étaient assez indulgents sur le résultat final. Mais à partir du moment où ils estimaient que la manière n’était pas bonne, ils nous le faisaient savoir.

Quel supporter étiez-vous, enfant ?

Je ne me suis pas identifié à une équipe. Je regardais les matches pour le beau jeu et voir mes idoles. J’ai eu la chance d’aller souvent à Lyon, à Gerland, dans la période où l’OL dominait le championna­t de France. C’était le club le plus proche de chez moi et les ambiances ont pas mal compté dans ma jeunesse. Le jour où j’ai pensé pouvoir faire du foot mon métier, c’était pour jouer dans des stades pleins.

Pour un joueur, sur le terrain, qu’est-ce qu’on ressent ?

À Nantes, Strasbourg ou Lens, les gens sont déjà là avant l’échauffeme­nt. Quand on sort sur le terrain, il y a déjà une bonne ambiance et c’est une source de motivation supplément­aire. La saison du Covid, avec les matches à huis clos, c’était vraiment triste. On joue aussi pour rendre

les gens heureux.

Que change leur présence ?

Ça ne va pas changer mon jeu, mais, collective­ment, ça joue sur beaucoup de choses. À Nantes, on essayait toujours de jouer la deuxième mi-temps devant la Brigade Loire. C’était une vraie force, on sentait que le public nous poussait et mettait la pression sur les adversaire­s. À Strasbourg, c’était pareil. À chaque fois, on essayait de finir le match devant les UB90. Il y avait vraiment un bruit assourdiss­ant et, pour les adversaire­s, je sais que c’était difficile à gérer.

En mai 2019, vous aviez été salué les supporters car vous n’aviez pas pu leur dire au revoir quand vous avez quitté le club.

J’ai toujours créé une relation avec les supporters. C’est dans mon caractère, dans ma façon de jouer. Quand je pars de Nantes, je ne savais pas que j’avais disputé mon dernier match à domicile. Pour moi, c’était naturel d’aller les voir. J’ai passé trois saisons et les supporters ont toujours été bienveilla­nts avec moi, même en dehors. C’était un juste retour des choses.

Dans votre travail, vous intégrez la relation avec les supporters ?

Je pars du principe qu’ils donnent beaucoup pour venir voir un match, même pour nous attendre à la fin du match ou d’un entraîneme­nt. C’est une façon de les remercier. À Strasbourg, c’est la marque de fabrique du club, avec une forte proximité entre les différents acteurs. J’ai participé à de nombreuses opérations et elles m’ont permis de découvrir des gens attachants. La région me correspond­ait

bien et ce n’est pas forcément quelque chose que j’ai contrôlé. C’est pour ça, aussi, que c’est toujours difficile de quitter un tel club.

« À Nantes, je me suis senti comme à la maison »

Vous avez gardé des liens avec des supporters ?

Quand je vois souvent les mêmes têtes au bord des terrains d’entraîneme­nt, il se crée quelque chose. Après, on ne va pas se mentir, c’est difficile de devenir amis, même si cela m’est aussi arrivé. À Nantes, j’ai plus que sympathisé avec une famille de supporters. On est encore en contact et ils viennent me voir régulièrem­ent, surtout quand je joue en Bretagne. Je me suis vite intégré et je me suis senti un peu comme à la maison.

Vous évoquiez la place des supporters à Strasbourg, au sein du club. Elle est plus forte qu’à Nantes ?

Le président Keller y est pour beaucoup. Le club a connu des moments difficiles et il a réussi à le reconstrui­re sur des bases saines, en créant une relation très forte avec les supporters. En matière de résultats, ils étaient plus indulgents avec nous et la direction que ce que j’ai connu à Nantes.

La Coupe de la Ligue remportée avec Strasbourg en 2019 a renforcé cette relation ?

Dans une carrière, un titre est un moment marquant. Les célébratio­ns qui ont suivi sont gravées à vie. Ce titre a créé un lien particulie­r entre les supporters et le club.

Cette finale de Coupe de la Ligue, c’est l’ambiance la plus folle que vous avez vécue ?

« Pendant le Covid, c’était vraiment triste »

Plus des deux tiers du stade étaient strasbourg­eois, c’était vraiment impression­nant. On se sent en mission. À Nantes, c’était les derbies contre Rennes qui m’ont marqué. Mais à l’extérieur, c’était un match de qualificat­ion pour la Ligue Europa à Francfort, avec Strasbourg. Je n’avais jamais vraiment ressenti une telle animosité et j’ai rarement vécu autant de bruit dans un stade. Après, je suis obligé de parler de Marseille, lors du dernier match de la saison l’an passé (4-0). Ils découvrent dans les arrêts de jeu qu’ils sont qualifiés pour la Ligue des champions. C’était assez dingue et exceptionn­el.

Et vous avez découvert Bollaert en tant que Lensois…

Ce qui m’impression­ne le plus, c’est l’entrée sur le terrain. La présence du kop dans la tribune latérale crée une résonance très importante.

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| PHOTO : OUEST-FRANCE/AFP En avril 2018 (en haut à gauche), Adrien Thomasson ouvre le score et soulève la Beaujoire dans le derby breton (1-1) contre Rennes, les plus fortes ambiances qu’il a connues à Nantes. Le néo-Lensois a aussi entretenu une relation très forte avec les supporters strasbourg­eois.

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