Dimanche Ouest France (Morbihan)

Kenny Lala : « Je sais que j’ai le niveau »

Son expérience en Grèce, ses mois sans jouer, ses débuts en Bretagne, son envie de « booster » le groupe, ses objectifs, Kenny Lala se livre.

- Recueilli par David GUÉZENNEC.

Kenny Lala,

31 ans latéral droit du Stade Brestois.

Vous êtes arrivé à Brest après sept mois sans jouer, Se dit-on alors, « Il me faudra du temps » ?

Pas spécialeme­nt. Je m’entraînais d’abord avec l’équipe 1 (avec l’Olympiakos), puis avec l’équipe 2, qui est en D2 grecque. Et quand j’ai résilié (en octobre), il n’y a pas eu de relâchemen­t, j’ai pris un préparateu­r physique et travaillé un mois non-stop. C’est aussi pour ça que mon critère principal en cherchant un club était de faire la prépa (post-Coupe du monde) avec mon futur club. Et Brest m’a offert toutes les conditions que j’attendais. Je n’ai donc pas réfléchi longtemps, j’ai sauté sur l’occasion.

Il y avait d’autres options, n’est-ce pas ?

Oui, en Ligue 1, en Espagne et Allemagne aussi. J’avais perdu du temps en Grèce. Je voulais être respecté, rejouer au foot et Greg (Lorenzi) voulait que je sois aussi là le plus vite possible pour m’adapter le plus rapidement. Le club m’a respecté. Ça a été : premier arrivé, premier servi.

Vous avez rapidement enchaîné à Brest et affiché de la stabilité, ça n’apparaissa­it pas forcément évident…

Oui, j’arrivais, il y avait une certaine image à remettre sur la table. Les gens connaissai­ent ce que j’avais fait en France (à Strasbourg), pas forcément en Grèce. Il fallait retrouver du respect, de la confiance, et ça s’est bien passé. On m’a ouvert les portes.

Vous pouvez apporter de l’expérience au Stade Brestois…

Oui. Mais j’aurais pu apporter plus à Montpellie­r dimanche (3-0). J’étais déçu de moi-même. C’est dans ces moments-là que l’équipe a besoin de moi. J’aime prendre mes responsabi­lités et là, je n’ai pas trouvé les clés pour redonner de la stabilité quand ça allait mal en début de match. Ça montre que j’ai encore quelques étapes à franchir.

Votre premier match, à Avranches en Coupe de France, n’avait pas été évident…

La Coupe, en tant qu’équipe de Ligue 1, chez un soi-disant plus petit, ce n’est pas forcément évident, ce sont des matches qui se jouent au mental. J’ai eu un début de match compliqué pour ma reprise. Mais ça m’a fait du bien, ça m’a remis tout de suite dans le bain.

Vous étiez aux portes de l’équipe de France avant de partir en Grèce, regrettez-vous ce choix ?

Non. Je suis allé là-bas pour jouer l’Europe. J’ai joué deux ans la

Ligue Europa et on a raté d’un rien une qualificat­ion en Ligue des champions. Oui, on pouvait se questionne­r après Strasbourg, mais j’ai acquis de la maturité là-bas.

Mais à la fin, le nouveau coach ne comptait plus sur vous…

Je n’avais jamais connu ça. Ils ont décidé un moment de tout changer au club. C’est souvent comme ça, le nouveau coach apporte ses joueurs, fait des choix, malheureus­ement, j’ai fait partie de ceux qu’il fallait faire partir. Je l’ai accepté. Forcément, ça touche quand on aime le foot, la compétitio­n, et qu’on veut apporter. Mais ça fait partie d’une carrière.

Vous avez confiance en vous, ça aide dans ces moments-là ?

Quand on est footballeu­r profession­nel, il faut avoir une grande confiance en soi, sinon on se laisse bouffer. Je suis dans une tranche d’âge où je me sens encore en forme (31 ans), mais derrière, il y a des jeunes qui poussent.

Si on n’a pas la confiance pour montrer encore ce qu’on vaut, c’est compliqué. Il y a une génération qui arrive qui est très mature, très forte. Si je n’avais pas confiance, je me dirais quoi après cinq mois d’arrêt, que je n’ai plus le niveau ? Que je dois aller en Ligue 2 ou National ? Non, je sais que j’ai le niveau, et il y a des fois des

choix dans la vie qui font qu’on n’est pas là où on doit être, alors il faut aller chercher les choses.

L’idée c’est de retrouver les statistiqu­es exceptionn­elles que vous aviez à Strasbourg ?

Mon idée, c’est d’apporter un truc à l’équipe. Et si j’ai plus de stats, ça veut dire qu’on marque plus, que l’équipe va mieux, donc oui j’aimerais les avoir. Mais l’objectif principal, c’est d’essayer d’aider à changer la mentalité, d’apporter un truc bénéfique pour que le groupe se maintienne. Et qu’on se dise « oui, la venue de Kenny a apporté quelque chose ». Si j’ai des stats et qu’on ne se maintient pas, ma venue n’aura servi à rien.

Vous avez signé pour six mois. Et après ?

Je ne voulais pas un long projet, mais des objectifs : celui de revenir, et le maintien. À partir de là, je pourrai me poser et me projeter dans l’avenir. Mais l’idée, c’est d’abord de me prouver à moi-même : « aujourd’hui, qu’est-ce que je vaux ? ».

Montpellie­r dimanche dernier, c’était un non-match de Brest ?

On a tous échoué, moi le premier. On voit qu’on ne peut pas se permettre de ne pas être à notre niveau.

Ce week-end, vous jouez contre Monaco, qui est sur une super série. Vous l’abordez comment ?

Collective­ment, il faut revenir à nos bases, remettre les têtes à l’endroit, faire bloc.

Vous aviez indiqué en arrivant que vous mentiriez en disant être à 100 % physiqueme­nt, et aujourd’hui ?

J’aime enchaîner, me pousser au maximum pour voir où je peux aller. Je me sens bien. Et bien à Brest puisque ma famille y est heureuse.

« Si j’ai des stats et qu’on ne se maintient pas, ma venue n’aura servi à rien »

 ?? | PHOTO : THIERRY CREUX / OUEST-FRANCE ?? Kenny Lala : « Je ne voulais pas un long projet, mais des objectifs ».
| PHOTO : THIERRY CREUX / OUEST-FRANCE Kenny Lala : « Je ne voulais pas un long projet, mais des objectifs ».

Newspapers in French

Newspapers from France