Dimanche Ouest France (Morbihan)

Thibault Le Rol, des caméras et des mots

Portrait. Il accompagne vos soirées de Ligue 1 sur Prime Vidéo. Journalist­e-présentate­ur, Thibault Le Rol s’impose comme un visage incontourn­able du sport à la télévision. Lui l’amoureux des mots.

- Kévin GUISNEL.

Lui dira qu’il est une pièce du puzzle, d’autres diront qu’il est le chef d’orchestre. Présentate­ur vedette de la Ligue 1 sur Prime Vidéo, Thibault Le Rol (33 ans) est un peu tout ça à la fois. Un mélange d’élégance et de pragmatism­e, qui se lit à travers chacune de ses interventi­ons. Au bord des pelouses, le style est soigné. Derrière la veste de costume se cache la sobriété d’un tee-shirt noir ou derrière un manteau, la rigueur d’un col roulé, représenta­tion très carrée de ce qu’il incarne à l’écran. « Il est hyper profession­nel, très à l’écoute, décrit Erwan Geloen, chef d’édition chez Amazon. Pour son jeune âge, il impression­ne pour son calme et son détachemen­t face à l’inconnu. »

Chaque dimanche, il s’invite dans le canapé de milliers de téléspecta­teurs. Son objectif est simple, dit-il, « faire en sorte que les gens se sentent au stade» . Dans cette quête partagée de frissons, il innove et va jusqu’à prendre l’antenne dans le rond central, en plein échauffeme­nt. La patte Thibault Le Rol, c’est aussi ça.

D’abord hésitant pour le journalism­e

Le natif de Saint-Nazaire, qui a passé toute son enfance à La Baule, est devenu un homme de télé, qui se démarque et qui pèse. Ce n’est pas un hasard si Amazon, qui lui avait déjà confié l’animation des night session

de Roland-Garros, a fait de lui le partenaire de Thierry Henry à l’écran. «Ila un talent assez fou à la présentati­on. Peu de journalist­es sortis ces dernières années ont autant ça en eux,

constate Julien Brun, commentate­ur pour Prime Vidéo. Je me suis vite rendu compte que c’était quelqu’un de très intelligen­t et de cultivé. Il est très serein à l’antenne, tellement que certains diraient qu’il est sûr de lui. » Ça n’a pourtant pas toujours été le cas.

Adolescent, Thibault Le Rol a hésité à s’orienter vers le journalism­e. Passionné de sports, particuliè­rement de tennis et de football, il a longtemps nourri sa réflexion avec le frein à main. Faute de modèle familial sûrement. Sa mère est professeur­e d’anglais, son père a été à la tête d’une entreprise de plomberie et ses deux grands frères n’ont pas non plus emprunté cette voie. Faute de confiance en lui, surtout. « Beaucoup en rêve, peu le font », se disait-il à l’époque. « J’avais étudié les débouchés et ce n’était pas facile. C’était une passion mais la réussite était loin d’être assurée. Je n’étais pas sûr à 100 % de ce que je voulais faire. »

Il s’oriente alors vers un IUT de commerce. Pour se donner le temps et comparer. « Au bout de trois semaines, je me suis demandé où j’étais »,

se marre le Nazairien, qui s’en est sorti en effectuant ses stages dans le jour

nalisme et en allant au bout de ses deux années. Aurélien Philippe-Gérard, à l’époque adjoint au directeur des sports du Parisien, se souvient très bien de lui. Il l’a accueilli en stage puis à la pige le week-end. « Il faisait partie des très bons éléments, salue-t-il. Ce n’était pas le moins réservé, il était plutôt bon camarade et n’avait aucune timidité. Il avait aussi déjà une certaine prestance que l’on retrouve à l’antenne. »

C’est pourtant l’écriture qui l’attire en premier. Des images par les mots d’abord, avant de mettre des mots sur les images. « Je me destinais plutôt vers la presse écrite. Les opportunit­és se sont présentées en télé mais j’ai toujours adoré écrire. J’aime la recherche du bon titre, de la bonne formule », concède-t-il. « Je n’irai pas jusqu’à dire qu’il aurait pu être titreur à Libé mais pas loin », glisse au demeurant Julien Brun.

Le padel, autre passion dévorante

La Une de L’Équipe au lendemain de la retraite de Roger Federer, son « idole

absolue », titrée « God save the King », ne l’a certaineme­nt pas laissé insensible. Car avant le football, Thibault Le Rol est surtout un immense fan de tennis. Il l’a longtemps commenté sur beIN Sports, il l’a un temps pratiqué aussi et a été classé 15/1.

Maintenant de côté dans sa vie, le tennis a chez lui laissé place à son dérivé, le padel. « Je joue au moins trois fois par semaine. J’en suis addict. À ce stade, c’est une drogue (rires) .» Il passe la plupart de son temps libre sur les courts, écume les tournois en région parisienne. « Je suis rentré dans les 800 meilleurs joueurs français », glisse-t-il innocemmen­t. Son côté compétiteu­r et gagneur n’est jamais très loin.

Sur un court comme à l’antenne, le Nazairien n’est pas du genre à se laisser impression­ner. Dans son costume de journalist­e-présentate­ur, il maîtrise l’art de la diplomatie. « C’est une main de fer dans un gant de velours », définit Erwan Geloen. Exemple type quand Lucien Favre répond froidement à sa question sur la fragilité du poste de l’entraîneur suisse à Nice.

« Il a ses questions, c’est légitime qu’il les pose. Il les tourne toujours de façon à faire comprendre qu’il ne s’agit pas d’une agression », perçoit son acolyte dans l’oreillette. Il ne montre rien, relance même le technicien. « Sincèremen­t, pendant dix secondes, j’ai été un peu ahuri de le voir réagir de la sorte parce que je lui tends plutôt une perche positive,

retrace Thibault Le Rol. Je me devais d’évoquer ça avec lui, c’était la riche actualité. »

On en revient donc au choix des mots, à la bonne formule. « Le fait qu’il ne soit pas directemen­t issu du football lui offre un recul que d’autres n’ont pas. Il n’hésite pas à poser des questions qui pourraient fâcher, décrit Julien Brun. Parfois, il nous surprend mais il le fait avec un tel détachemen­t et une telle classe, presque à la britanniqu­e, qu’on ne peut ni se sentir offenser, ni répondre de travers. »

« Il apporte de la fraîcheur et un regard à 360° sur tous les sujets »,

observe Aurélien Philippe-Gérard. C’est une force à la télévision, qu’il a démontrée à chaque fois que des incidents se sont produits autour des matches. « Il a cette capacité à très vite rebondir et à élargir la réflexion »,

corrobore Erwan Geloen. Symbole d’une ouverture d’esprit.

« Avec Thibault, on parle de tout,

décrit Julien Brun. On a une petite différence d’âge mais je ne l’ai jamais ressenti. » Même musicaleme­nt. Les déplacemen­ts d’un match à l’autre débouchent souvent sur un karaoké, à la sauce chanson française. Eddy Mitchell apparaît en haut de sa playlist. On parle donc là d’une voix. Par son métier, lui aussi, Thibault Le Rol en est une. À 33 ans, il n’en est certaineme­nt pas à sa dernière séance. Car pour lui, le rideau sur l’écran n’est sûrement pas près de tomber.

 ?? | PHOTO : FEP / PRIME VIDÉO SPORT ?? Thibault Le Rol est accompagné, en plateau avant puis après les rencontres de Ligue 1, par Thierry Henry le dimanche soir.
| PHOTO : FEP / PRIME VIDÉO SPORT Thibault Le Rol est accompagné, en plateau avant puis après les rencontres de Ligue 1, par Thierry Henry le dimanche soir.
 ?? | PHOTO : PHILIPPE LECOEUR / AGENCE FEP ?? Thibault Le Rol présente chaque dimanche la plus belle affiche de Ligue 1 sur Prime Vidéo.
| PHOTO : PHILIPPE LECOEUR / AGENCE FEP Thibault Le Rol présente chaque dimanche la plus belle affiche de Ligue 1 sur Prime Vidéo.
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