Dimanche Ouest France (Morbihan)
Les bonnes affaires des marchands d’armes
Les plus grands marchands d’armes de la planète participaient à l’un des plus gros salons, à Abu Dhabi, cette semaine. Les clients étaient nombreux, à commencer par les Européens.
Malgré les sanctions occidentales liées à la guerre en Ukraine, les Russes sont les bienvenus aux Émirats arabes unis. Dans un pavillon à l’écart du hall principal de la 30e édition de l’Idex, salon international de l’armement qui s’est tenu à Abu Dhabi du 20 au 24 février, le deuxième exportateur mondial d’armes exposait fièrement drones, obus, hélicoptères et ses emblématiques kalachnikovs.
« Tous ceux qui veulent travailler avec nous sont les bienvenus »,
explique Vasily Kruglov, représentant de Rosoboronexport, l’agence en charge des exportations russes. Parmi ses plus gros clients, les républiques de l’ex-URSS, des pays d’Asie et des armées privées.
Dans un autre pavillon, près de leurs alliés européens, les Ukrainiens occupent un plus petit stand. Ils sont surtout venus s’approvisionner.
« Nous avons besoin de systèmes d’artillerie, des missiles antichars et surtout de véhicules blindés », dit Vladislav Belbas, un industriel ukrainien.
Très haut dans la « liste de courses » ukrainienne : les canons Caesar français, des pièces d’artillerie puissante, montées sur camion. Douze sont déjà déployés contre les Russes en Ukraine et le pays de Volodymyr Zelensky en attend trente et un autres. « On est monté en cadence pour produire six, voire huit Caesar par mois. L’économie de guerre est là, donc on a fait ce qu’il fallait »,
explique, sous un soleil de plomb, Nicolas Chamussy, directeur général du fabricant Nexter.
Côté belge, les industriels sont aussi engagés. « Nous sommes allés former les forces spéciales ukrainiennes », explique Thibault Anderlin, de Sky-Hero, un créateur de drones spécialisés en reconnaissance.
« Le monde se réarme »
Depuis le lancement de l’Idex en 1993, les Émirats arabes unis ont réussi à s’imposer comme un carrefour mondial des ventes d’armes. Une volonté des autorités, qui achètent chaque année plusieurs milliards d’euros d’équipement militaire.
« C’est une grosse manifestation de la puissance et de l’importance des
Émirats dans le secteur », souligne le patron de Nexter.
La guerre en Ukraine n’est pas le seul conflit alimenté par les contrats signés à Abu Dhabi. Dans les allées de l’Idex, on croise d’autres délégations de nations qui s’affrontent : l’Arménie et l’Azerbaïdjan, mais aussi les États arabes engagés au Yémen, le général Khalifa Haftar, de Libye, des délégations africaines, ou encore les forces israéliennes.
« Le monde se réarme, notamment avec la réapparition de la guerre en Europe. On sent une demande insistante de nombreux pays pour augmenter leurs capacités à se défendre. C’est le cas en Europe mais il y a aussi les tensions en mer de Chine
et au Sud-Est asiatique », explique le général Jean-Marc Duquesne, du Groupement des industriels français de l’armement (Gicat).
Avant la guerre en Ukraine, les dépenses militaires mondiales avaient déjà atteint plus de 2 000 milliards de dollars en 2021. Les chiffres attendus pour 2022 devraient encore battre des records.