Dimanche Ouest France (Morbihan)
Russie, les dissidents démocrates veulent la paix
Certains pensent, comme le président de la République, que M. Poutine est au pouvoir pour longtemps en Russie. Toute alternative serait encore pire, affirment-ils. C’est aller un peu vite en besogne car l’opposition démocrate est à l’oeuvre en Russie. Au péril de leur vie, beaucoup travaillent dans l’ombre à un changement de régime.
En plus de saper leurs efforts, cette pensée qui endosse la propagande du régime russe conduit logiquement à négocier avec M. Poutine. Or, celui-ci ne donne aucun signe d’apaisement : la destruction de l’Ukraine et les crimes de guerre contre les Ukrainiens continuent. Comment donc espérer que ce régime établisse une paix juste avec l’Ukraine, garantissant aussi la sécurité de l’Europe ?
À l’inverse, les oppositions démocratiques veulent cesser la guerre et faire la paix avec l’Ukraine. Elles y préparent l’opinion publique russe. La plus grande figure de l’opposition, Alexeï Navalny, a même approuvé, dans son programme politique, les conditions essentielles du plan de paix du président ukrainien. M. Poutine les ignore toujours !
Volodymyr Zelensky demande le respect de l’intégrité territoriale de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues. Oui, répond Alexeï Navalny : « Il n’y a rien à discuter ici », la Russie qui avait reconnu les frontières de l’Ukraine de 1991 « doit les reconnaître aujourd’hui aussi ».
Volodymyr Zelensky l’exige : «La Russie doit retirer toutes ses troupes et ses formations armées et cesser les hostilités. » Oui, répond Alexeï Navalny et « le plus vite possible ». L’accord est total.
Volodymyr Zelensky appelait à un tribunal spécial pour les crimes de guerre. Alexeï Navalny reconnaît les crimes de guerre russes et le dit à ses concitoyens : ils « doivent faire l’objet d’une enquête dans la coopération avec les instances internationales ». Il va même plus loin : « Après la guerre, nous devrons rembourser l’Ukraine de tous les dommages causés par l’agression de Poutine. » Il appelle à travailler aux réparations ne devant « se faire qu’après le changement de pouvoir en Russie » à la suite d’élections libres et honnêtes et qu’après « la fin de la guerre ».
C’est donc bien l’opposition démocrate et non le régime de Poutine qui pose, en Russie, les fondations d’une paix juste et durable avec l’Ukraine. Il est essentiel de la soutenir si l’on veut rétablir la sécurité de l’Europe. Notre intérêt et notre devoir moral le commandent dès maintenant.
Les dirigeants démocrates soutenaient les dissidents russes aux heures sombres de l’Union soviétique. Faisons de même, par exemple en exigeant la libération des prisonniers politiques et en rendant visite à Alexeï Navalny dans sa prison. Ces actions marqueraient le début de cette politique tout en envoyant un signe bienveillant au peuple russe.
Entre une paix juste et un simulacre de négociation qui permettrait au régime de Poutine de poursuivre son but de guerre, il faut choisir. Ne nous trompons pas. L’histoire nous a déjà montré l’échec de la soidisant realpolitik lorsqu’il s’agit de traiter avec des agresseurs déterminés !