Dimanche Ouest France (Morbihan)

Les femmes prennent leur revanche aux César

Du premier film à la musique, les femmes sont finalement sorties gagnantes de cette soirée du cinéma français, vendredi soir. Non sans mal…

- Anaïs BERNO.

Sous ses airs classiques, la 48e cérémonie des César qui a eu lieu vendredi soir à L’Olympia pourrait bien avoir marqué un tournant historique. Car si elles avaient été tristement oubliées lors des nomination­s principale­s, dont meilleure réalisatio­n ou meilleur film, les femmes se sont finalement imposées au palmarès.

« Équilibrer les choses »

Alice Diop, César du meilleur premier film pour Saint Omer, n’a pas manqué de revenir sur le sujet : « Il y a peut-être eu une envie d’équilibrer les choses devant l’absence criante de femmes qui auraient dû être là. Même avec 46 % de votantes aux César, les nomination­s n’étaient toujours pas paritaires. Je ne peux pas imaginer que dans toute l’année passée, il n’y avait aucune femme qui pouvait prétendre à la meilleure réalisatio­n. »

Un peu plus tôt sur scène, la réalisatri­ce avait rappelé que les réalisatri­ces n’étaient « pas un effet de mode » et qu’elles étaient là « pour durer ». Un sentiment partagé par Noémie Merlant, meilleur second rôle féminin dans L’innocent de Louis Garrel, qui aurait voulu que ces femmes soient « célébrées à juste titre ».

Virginie Efira, César de la meilleure actrice pour Revoir Paris, déplore que

« dans le cinéma d’auteur français, les femmes sont représenté­es puisqu’elles font des films. Mais dès que l’économique entre en ligne de compte, tout change. »

Quant au grand gagnant de la soirée, La nuit du 12, qui repart avec six César, son sujet principal n’était autre que le féminicide. Le principal acteur, Bastien Bouillon, meilleur espoir masculin, a souligné que ce film plébiscité par le public n’a « pas cherché à surfer sur la vague #MeToo ». Il s’est « emparé d’un problème de fond pour faire du bruit sur un sujet important ».

Dominik Moll, le réalisateu­r de La nuit du 12, abonde en son sens. « Je ne suis pas sûr que nous aurions fait le même film il y a dix ans. Les mentalités évoluent, heureuseme­nt. Ce n’est pas un film à thèse mais à l’écoute de la parole des femmes face à la violence. »

Pour la première fois dans l’histoire des César, une femme a été récompensé­e de la meilleure musique originale : Irène Drésel pour À plein temps.

Palmarès : La nuit du 12, meilleur film ; Virginie Efira, meilleure actrice ; Benoît Magimel, meilleur acteur ; David Fincher, César d’honneur ; Dominik Moll, meilleure réalisatio­n ; Saint Omer, meilleur premier film ; Nadia Tereszkiew­icz et Bastien Bouillon, meilleurs espoirs ; Noémie Merlant et Bouli Lanners, meilleurs seconds rôles ; L’innocent, meilleur scénario original ; As bestas, meilleur film étranger…

 ?? | PHOTO : BERTRAND GUAY, AFP ?? Virginie Efira, Noémie Merlant et Nadia Tereszkiew­icz, trois des césarisées de 2023.
| PHOTO : BERTRAND GUAY, AFP Virginie Efira, Noémie Merlant et Nadia Tereszkiew­icz, trois des césarisées de 2023.

Newspapers in French

Newspapers from France