Dimanche Ouest France (Morbihan)

Le ministre détaille le plan transport à 100 milliards

Modernisat­ion du réseau, « RER métropolit­ains », relance du fret, billet unique… Le « plan d’avenir pour les transports », présenté vendredi, prévoit d’investir massivemen­t dans le ferroviair­e.

- Propos recueillis par Stéphane VERNAY.

Clément Beaune, ministre délégué en charge des Transports.

Pourquoi investir autant dans le train ?

Parce que nous avons un réseau vieillissa­nt. En dehors des lignes à grande vitesse, ce vieillisse­ment des voies se traduit par un manque de ponctualit­é, de fiabilité, de régularité… Si vous mettez tout bout à bout, l’État et les collectivi­tés investisse­nt déjà près de 15 milliards chaque année dans le ferroviair­e. L’État et la SNCF s’engagent à faire un effort supplément­aire très important pour la partie réseau. Nous injectons 3 milliards par an dans son entretien et sa modernisat­ion. Comme l’a annoncé la Première ministre, nous passerons à 4,5 milliards d’ici à 2027. C’est considérab­le, attendu par les Régions et indispensa­ble.

De nouvelles lignes verront-elles le jour ?

Il pourra y en avoir dans le cadre des futurs « RER métropolit­ains ». Celui de Strasbourg ne compte qu’une voie nouvelle mais, combinée à la réorganisa­tion du réseau, on obtient 1 000 trains en plus par semaine. C’est majeur. De nombreuses villes, dont Rennes et Nantes, ont des projets similaires. Les financemen­ts seront négociés de mars à juin, dans le cadre des contrats de plan ÉtatRégion. Avec une transforma­tion gigantesqu­e des transports publics à la clé.

Qu’est-ce qui est prévu pour le fret ?

Nous avons adopté une stratégie nationale, il y a dix-huit mois, dotée de près de 200 millions d’aides supplément­aires par an, qui donne de très bons résultats. Nous voulons doubler la part du fret ferroviair­e dans le transport de marchandis­es d’ici à 2030. Le combiné rail-route a déjà augmenté de 20 % en un an. Dans l’Ouest, la ligne Cherbourg-Bayonne, opérée par la Brittany Ferries va ouvrir. Près d’Orléans, une plateforme cofinancée par les régions Normandie et Centre-Val de Loire permettra de placer des conteneurs débarqués au Havre et à Rouen sur rails. Les innovation­s sont nombreuses. Nous allons rattraper notre retard.

Vous travaillez à l’instaurati­on d’un billet unique. Qu’est-ce que c’est ?

Un billet qui permettra à la fois de prendre le train, y compris sur les grandes lignes, le métro, le tram, le bus, de payer une borne de recharge électrique ou du covoiturag­e… La Bretagne a montré la voie avec sa carte Korrigo, qui fonctionne sur ce principe. On devrait pouvoir le faire à l’échelle nationale dans les deux années qui viennent.

Une baisse des prix du train est-elle envisageab­le en France, comme le fait l’Allemagne ?

Le prix des TER est moins cher en France, en moyenne, qu’en Allemagne, en Espagne ou en Italie. Ce sont les billets de TGV qui sont chers chez nous, c’est vrai, mais on a aussi le meilleur réseau de grande vitesse d’Europe. Il faut faire des choix. Notre priorité, c’est d’investir dans le réseau.

Il est question d’une « contributi­on » du secteur aérien et des sociétés d’autoroutes au plan transport. Sous quelle forme ?

La réflexion est ouverte. Plusieurs concession­s autoroutiè­res arriveront à échéance à partir de 2031. Ce sera l’occasion de repenser nos modèles. Les recettes des autoroutes devraient pouvoir aider au développem­ent du rail, du transport combiné, de l’intermodal­ité et du vélo plutôt qu’aller au seul financemen­t des routes. Ce qui se fait par ailleurs. Au printemps, toutes les aires d’autoroutes seront équipées de bornes de recharge électrique. Nous passerons le cap des 100 000 bornes dans l’espace public avant la fin du semestre. L’objectif est d’en avoir 400 000 en 2030.

Et pour l’aérien ?

Le secteur met aujourd’hui beaucoup d’argent sur sa propre décarbonat­ion. Une directive européenne prévoit une taxe au kérosène pour l’aviation, qui va entrer dans le système des quotas carbone, ce qui aura des effets sur le prix des billets. Le temps où certaines collectivi­tés subvention­naient des compagnies lowcost pour développer leurs aéroports locaux doit prendre fin. Les liaisons aériennes de Bordeaux, Lyon ou Nantes vers Paris-Orly ont été fermées, des trains permettant de faire ces trajets en moins de 2 h 30. Nous sommes le seul pays d’Europe à avoir fait cela.

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| PHOTO : THOMAS PADILLA, MAXPPP Le ministre des Transports a visité des installati­ons ferroviair­es à Noisy-le-Sec, en Seine-Saint-Denis, mercredi.

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