Dimanche Ouest France (Morbihan)
Le ministre détaille le plan transport à 100 milliards
Modernisation du réseau, « RER métropolitains », relance du fret, billet unique… Le « plan d’avenir pour les transports », présenté vendredi, prévoit d’investir massivement dans le ferroviaire.
Clément Beaune, ministre délégué en charge des Transports.
Pourquoi investir autant dans le train ?
Parce que nous avons un réseau vieillissant. En dehors des lignes à grande vitesse, ce vieillissement des voies se traduit par un manque de ponctualité, de fiabilité, de régularité… Si vous mettez tout bout à bout, l’État et les collectivités investissent déjà près de 15 milliards chaque année dans le ferroviaire. L’État et la SNCF s’engagent à faire un effort supplémentaire très important pour la partie réseau. Nous injectons 3 milliards par an dans son entretien et sa modernisation. Comme l’a annoncé la Première ministre, nous passerons à 4,5 milliards d’ici à 2027. C’est considérable, attendu par les Régions et indispensable.
De nouvelles lignes verront-elles le jour ?
Il pourra y en avoir dans le cadre des futurs « RER métropolitains ». Celui de Strasbourg ne compte qu’une voie nouvelle mais, combinée à la réorganisation du réseau, on obtient 1 000 trains en plus par semaine. C’est majeur. De nombreuses villes, dont Rennes et Nantes, ont des projets similaires. Les financements seront négociés de mars à juin, dans le cadre des contrats de plan ÉtatRégion. Avec une transformation gigantesque des transports publics à la clé.
Qu’est-ce qui est prévu pour le fret ?
Nous avons adopté une stratégie nationale, il y a dix-huit mois, dotée de près de 200 millions d’aides supplémentaires par an, qui donne de très bons résultats. Nous voulons doubler la part du fret ferroviaire dans le transport de marchandises d’ici à 2030. Le combiné rail-route a déjà augmenté de 20 % en un an. Dans l’Ouest, la ligne Cherbourg-Bayonne, opérée par la Brittany Ferries va ouvrir. Près d’Orléans, une plateforme cofinancée par les régions Normandie et Centre-Val de Loire permettra de placer des conteneurs débarqués au Havre et à Rouen sur rails. Les innovations sont nombreuses. Nous allons rattraper notre retard.
Vous travaillez à l’instauration d’un billet unique. Qu’est-ce que c’est ?
Un billet qui permettra à la fois de prendre le train, y compris sur les grandes lignes, le métro, le tram, le bus, de payer une borne de recharge électrique ou du covoiturage… La Bretagne a montré la voie avec sa carte Korrigo, qui fonctionne sur ce principe. On devrait pouvoir le faire à l’échelle nationale dans les deux années qui viennent.
Une baisse des prix du train est-elle envisageable en France, comme le fait l’Allemagne ?
Le prix des TER est moins cher en France, en moyenne, qu’en Allemagne, en Espagne ou en Italie. Ce sont les billets de TGV qui sont chers chez nous, c’est vrai, mais on a aussi le meilleur réseau de grande vitesse d’Europe. Il faut faire des choix. Notre priorité, c’est d’investir dans le réseau.
Il est question d’une « contribution » du secteur aérien et des sociétés d’autoroutes au plan transport. Sous quelle forme ?
La réflexion est ouverte. Plusieurs concessions autoroutières arriveront à échéance à partir de 2031. Ce sera l’occasion de repenser nos modèles. Les recettes des autoroutes devraient pouvoir aider au développement du rail, du transport combiné, de l’intermodalité et du vélo plutôt qu’aller au seul financement des routes. Ce qui se fait par ailleurs. Au printemps, toutes les aires d’autoroutes seront équipées de bornes de recharge électrique. Nous passerons le cap des 100 000 bornes dans l’espace public avant la fin du semestre. L’objectif est d’en avoir 400 000 en 2030.
Et pour l’aérien ?
Le secteur met aujourd’hui beaucoup d’argent sur sa propre décarbonation. Une directive européenne prévoit une taxe au kérosène pour l’aviation, qui va entrer dans le système des quotas carbone, ce qui aura des effets sur le prix des billets. Le temps où certaines collectivités subventionnaient des compagnies lowcost pour développer leurs aéroports locaux doit prendre fin. Les liaisons aériennes de Bordeaux, Lyon ou Nantes vers Paris-Orly ont été fermées, des trains permettant de faire ces trajets en moins de 2 h 30. Nous sommes le seul pays d’Europe à avoir fait cela.