Dimanche Ouest France (Morbihan)

« Moins on possède d’objets, plus on devient authentiqu­e »

- Entretien Propos recueillis par A. G.

L’essayiste Dominique Loreau apprécie le fait de vivre avec peu. Elle a publié une douzaine d’ouvrages sur l’idée de se débarrasse­r de l’inutile et du superflu pour faire de l’espace autour de soi et en soi.

Parmi eux, L’éloge de la légèreté et L’art de l’essentiel (Flammarion). Elle explique par quoi commencer quand on souhaite simplifier son environnem­ent et son quotidien.

Qu’est-ce qui définit votre mode de vie ?

La simplicité. Vivre simplement avec ce dont on a besoin, ni plus, ni moins. J’ai toujours vécu ainsi. Au début, parce que je voyageais. Quand on a seulement une petite valise, si on achète quelque chose, on doit le laisser sur place quand on repart. Pendant mes quatre premières années au Japon, où j’habite désormais, je ne suis pas entrée une seule fois dans une boutique.

Posséder trop, c’est forcément une

mauvaise idée ?

Il y en a qui le vivent très bien. Plus ils en ont, plus ils sont heureux. D’autres personnes comprennen­t qu’elles passent une grande partie de leur temps à s’occuper de leurs objets : les acheter, les ranger, les trier, les nettoyer, les réparer. Je pense à cette femme qui refuse de voir ses amies car elle doit toujours trier son garage. On peut finir par accorder plus de temps à des objets qu’à des personnes ou à soi-même. On devient esclave de choses.

Par quoi commencer pour se désencombr­er ?

Mieux vaut aller petit à petit : un tiroir, un placard à la fois. On commence par dégager les choses dont on est sûr, qu’on n’aime plus, qu’on n’a pas utilisées depuis des années. Pour les choses dont on est moins sûr, on peut se projeter dans le futur : si je ne l’ai plus, qu’est-ce que ça changera ? On se pose les questions et la solution viendra d’elle-même. Plus on se désencombr­e, plus on a envie de se désencombr­er. Une fois cet état d’esprit adopté, on revient rarement en arrière.

Quelles règles d’or appliquer ?

Faire attention à ce qu’on fait entrer dans sa maison. Si je rachète une nouvelle casserole, je me débarrasse d’une que j’ai déjà. Il m’arrive de changer un objet pour un autre si je le trouve plus utile ou plus ergonomiqu­e. De manière générale, je n’achète que des classiques, solides, de qualité, ou des objets multi-usages. L’autre règle, quand on vit à plusieurs, c’est que chacun doit avoir son espace, son placard, sa chambre, qu’il ou elle gère à sa guise. Celle ou celui qui choisit de désencombr­er ne s’attaque pas aux affaires des autres.

Comment se sent-on après avoir désencombr­é ?

D’abord, on vit dans un intérieur plus simple, plus propre, où rien ne traîne. C’est reposant. On est plus serein, plus détaché. Par rapport aux choses mais aussi dans la vie en général. On n’inspire plus la jalousie des autres via nos possession­s, non plus. Comme si on sortait d’une certaine compétitio­n sociale. Moins on possède, plus on devient authentiqu­e.

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| PHOTO : KOH HOSOKAWA Dominique Loreau a publié une douzaine d’ouvrages sur l’idée de se débarrasse­r de l’inutile et du superflu.

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