Dimanche Ouest France (Morbihan)

Le gallo come on l’caoze

Tambour battant. Ou l’histoire d’un petit garçon pas musicien pour un... sou, mais qui a le sens des affaires

- Daniel GIRAUDON.

Les garçailles ne sont point diots, dame. I savent ben qu’en allant vére lous grands-parents eune foué l’temps, est comme à la banqe, lla peut raporter gros.

Daoqhuns érivent ô lous canepins d’notes, qant a sont bones ben sûr, et montrent come éla qi n’sont point des bouinous.

En érivant, i lou saotent su la fale en lou fezant min su min. Et alôre, i s’en r’partent ô des p’tits sous pour mette dans lous tirelires.

Eune afére de ghézon

Les aniversair­es sont eune digarée de s’ertérouer étou. L’pépére de Glaome lu avait payé un tambour pour ses huit ans.

Un moué pus tard, le gouspin ‘tait ertourné l’vére. « Tu joues ti core ben ô tô tambour ? » qi lu d’mandit.

« J’n’ai jamais zeue tant d’piézi, répondit Glaome. I m’a fait élijer pus d’qatére-vingt diz euros. »

« N’est point créyable, dit l’grandpé. Tu dés en jouer come un pro asteure. »

« Maniéremen­t, s’en v’nit l’gamin,

mais tu vés, manman m’done cinc euros pour n’point en jouer à véprée et papa m’done diz euros ao sére pour mette de caôté les baghettes qant il est de r’tou à l’hôté », qi dit en chaovissan­t.

Les enfants ne sont pas fous, ma foi. Ils savent bien qu’en allant voir leurs grands-parents de temps en temps, c’est comme à la banque, ça peut rapporter gros.

Certains arrivent avec leurs carnets de notes, du moins quand elles sont bonnes, pour leur montrer qu’ils ne sont pas cossards.

En arrivant, ils leur sautent au cou en leur faisant plein de bisous. Ils repartent avec des petits sous pour mettre dans leurs tirelires.

Une affaire d’argent

On se retrouve aussi aux anniversai­res. Le grand-père de Glaome lui avait offert un tambour pour ses 8 ans.

Un mois plus tard, le galopin était retourné le voir. « Est-ce que joues toujours bien avec ton tambour ? »

lui demanda-t-il.

« Je n’ai jamais eu tant de plaisir,

dit le gamin. Il m’a déjà rapporté quatre-vingt-dix euros ».

« C’est incroyable, dit le grand-père, tu dois en jouer très bien maintenant ».

« Pas vraiment, répliqua le garçon,

mais vois-tu, maman me donne cinq euros pour ne pas en jouer la journée et papa me donne dix euros pour ramasser les baguettes le soir quand il revient à la maison », dit-il en ricanant.

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