Dimanche Ouest France (Morbihan)
Le Pays bigouden mobilisé pour sa filière pêche
Face aux conséquences du plan de sortie de flotte et du prix du gazole, quelque 500 manifestants étaient rassemblés, hier à Pont-l’Abbé, pour défendre ce secteur qui fait vivre ici 5 000 personnes.
« Le plan de casse va faire mal. Si on laisse crever la pêche, ça nous impacte directement », dénonce Alicia Rouiller qui travaille à la filature Le Drezen, à Treffiagat (Finistère), où l’on fabrique des filets depuis 1929. Face aux conséquences du plan de sortie de flotte, qui concerne au moins 22 bateaux (1) dans le Pays bigouden, l’inquiétude est vive.
À ses côtés, son mari, Christopher Kerloc’h, patron pêcheur ajoute : « On est là pour tout. Le prix du gazole, les quotas… » 500 manifestants se sont rassemblés hier en fin de matinée, à Pont-l’Abbé (Finistère), pour la
sauvegarde de la filière pêche, qui fait vivre ici 5 000 personnes.
« Ce sont des petites entreprises qui sont fragilisées les unes après les autres. Si c’était une grosse usine, ça ferait du bruit à Paris », affirme au micro Stéphane Le Doaré. Le maire de Pont-l’Abbé, à l’origine de la manifestation, se sait attendu au tournant. Entouré des maires du Pays bigouden, de la députée Liliana Tanguy, mais aussi d’élus régionaux, il annonce une nouvelle réunion dès ce lundi avec le préfet du Finistère.
L’urgence, c’est d’abord le prix du gazole, au sujet duquel une aide de l’État, au moins jusqu’à la fin de l’année, va être demandée « La
décarbonation, le renouvellement de la flotte, ça prendra du temps. »
Ensuite, vient la question des droits de pêche attachés aux bateaux qui partent à la casse. « Nous exigeons que ces licences reviennent au quartier maritime du Guilvinec. »
Menace sur la pêche dans les aires marines protégées
Autre sujet d’inquiétude : le projet de directive européenne visant à interdire la pêche dans les aires marines protégées. Celle-ci signerait, selon le maire de Pont-l’Abbé, « la fin de la pêche en Pays bigouden ». À ce sujet, Daniel Cueff, vice-président du conseil régional en charge de la mer
et du littoral, assure que des contrepropositions vont être portées à la Commission européenne.
À l’issue du rassemblement, Yvan Le Lay, patron de deux bolincheurs, reste sceptique : « Est-ce qu’il y a une volonté politique de maintenir une pêche artisanale en France ? À l’heure actuelle, nos ministres, nos institutions ne nous donnent pas de bons signaux. » (1) 90 bateaux vont être détruits en France, dont 45 en Bretagne. Parmi eux, 34 en Finistère dont 26 en Pays bigouden (22 ont donc confirmé, quatre n’ont pas encore répondu).