Dimanche Ouest France (Morbihan)
Cholet, la reine du textile, s’est tissée une réputation avec un mouchoir
Au coeur de l’Anjou, Cholet, la capitale du pays des Mauges et du petit mouchoir rouge et blanc, surprend par son histoire et ses trésors souvent méconnus.
Enjeu de luttes incessantes entre Bretons et Poitevins, les Mauges tombent vers le Xe siècle entre les mains des comtes d’Anjou. Le redoutable Foulques III serait le bâtisseur des premiers remparts seigneuriaux, à l’écart ouest du bourg Saint-Pierre, sur un promontoire dominant la Moine. Il fait don du Castrum Cauletum à l’un de ses affidés. Bientôt le tertre où s’élève la forteresse devient le centre actif d’une véritable ville qui abrite derrière ses murailles, fonctionnaires, clercs, artisans, garde féodale… On y érige, près de l’abreuvoir, une chapelle seigneuriale dédiée à saint Georges. Ce sera le premier édifice religieux de la nouvelle cité. Seuls subsistent de ce premier château les remparts visibles dans le jardin du Mail.
Plus tard, la guerre de Cent ans se déchaîne dans tout le pays. En 1214, Philippe-Auguste fait même incendier
Cholet afin de soutenir ses alliés locaux contre les armées anglaises. Réduit à néant, le château doit être reconstruit. Il sera de nouveau mis à mal lors du siège de 1589, lorsque les guerres de religion mettront le pays à feu et à sang. Encore une fois rebâti, il subit les pillages et les incendies répétés de la Révolution et sera finalement démoli. La ville se développe. S’y installent des tisserands en cave, des négociants et des fonctionnaires. Les commerces, les halles aux toiles et aux viandes, le prieuré, future paroisse Notre-Dame, l’hôpital apparaissent progressivement.
Les guerres « vendéennes »
La ville se trouve alors au coeur de la « Vendée » angevine. C’est-à-dire de la révolte anti-révolutionnaire. Pourtant, lorsque le tocsin de la Révolution a sonné, Cholet, ville surtout besogneuse a vu ses bourgeois, tisserands et agriculteurs pencher en faveur des idées neuves en 1789. Mais les excès du gouvernement jacobin, dont les populations de l’Ouest contestent les prises de position, provoquent l’insurrection en mars 1793. Le 14, les paysans de Cathelineau prennent la ville, tuant le procureur-syndic Beauvau. Cholet est désormais, de fait, la capitale de la Vendée militaire. La cité sera incendiée quatre fois pendant cette période sanglante durant laquelle la population locale passe de près de 8 500 habitants en 1790 à 2 000 en 1801, une véritable éradication. En 1796, seules une vingtaine de maisons existent encore.
Un incroyable dynamisme
Cholet se relève sous les yeux d’un Napoléon admiratif de ces « géants » dont le dynamisme fait des miracles. En à peine quarante ans, filatures, tissages et blanchisseries fleurissent en ville. De grandes familles de marchands-fabricants y font travailler des milliers de tisserands.
Ici naît le fameux « mouchoir de Cholet » que Théodore Botrel va immortaliser au travers d’une chanson commandée par des cercles royalistes en hommage aux « Vendéens ». La Rochejaquelein, général chouan, aurait porté autour du cou un mouchoir blanc à filets rouges qui en faisait une cible facile mais qu’il refusait d’enlever.
Profitant de ce succès hexagonal, Léon Maret, un industriel choletais, décide de lancer la fabrication d’un mouchoir identique à celui décrit dans l’oeuvre. Il en envoie même à Botrel pour qu’il en distribue partout où il passe. Ainsi naît le fameux mouchoir rouge et blanc dont Cholet devient la capitale.
Mais dès la fin du XIXe siècle, la mécanisation entraîne la reconversion de nombre d’artisans au chômage. La chaussure leur offre de nouveaux débouchés.