Dimanche Ouest France (Morbihan)
Un derby, au bon moment, au bon endroit
Rien de tel qu’un match avec de la pression contre son grand rival et un public hostile pour se vider la tête et rebondir après l’élimination en Ligue Europa contre le Shakhtar Donetsk, jeudi.
C’est avec la terrible et cruelle désillusion de l’élimination encore bien dans les têtes que le Stade Rennais a dû se projeter dès vendredi vers ce derby à Nantes. « On a tous eu beaucoup de maux de tête, reconnaît Bruno Genesio. Maintenant, notre métier c’est de passer à autre chose, de rebondir. » Son homologue et adversaire du jour est sur la même longueur d’onde. « Dans les discussions, parfois, je peux percevoir de la déception, mais on se met au travail de suite. Il n’y a pas de place pour les sentiments », insiste Antoine Kombouaré.
Car c’est la particularité de ce derby breton, qui pimente un peu plus encore la confrontation : c’est un match de perdants (même si Rennes a gagné) et de déçus. La dragée est sans doute plus difficile à avaler pour Rennes, au vu du scénario et de l’adversaire à sa portée. « Les émotions sont montées très haut et retombées très bas en l’espace de peu de temps, alors qu’eux étaient menés très rapidement avec un joueur expulsé. »
Enfin gagner à l’extérieur
Mais, pas de doute que les Canaris ont aussi laissé des plumes. « C’est quand même une élimination après un match aller où ils avaient été héroïques, ils avaient plein d’espoir, il y a aussi chez eux beaucoup de déception », estime Bruno Genesio.
Dans ce contexte, un derby est sans doute la meilleure des choses pour rebondir. Rien de tel que de réveiller les rivalités, d’en appeler à l’âme des guerriers et de piquer l’orgueil des joueurs, notamment de tous ces jeunes issus de la formation biberonnés à l’aversion du voisin.
« C’est mieux de jouer un derby dans un stade plein, où il y aura une grande ambiance, que de jouer un match plus anodin », admet le coach des Rouge et Noir.
La pression du public hostile et de l’enjeu va aussi servir à vider les têtes.
« Elle est normale et on est là pour la supporter. Maintenant, je pense que le meilleur moyen d’aborder les matches, c’est justement d’avoir une pression positive et non pas une pression qui nous inhibe. »
Le SRFC joue gros lors de ce déplacement, où il serait bien avisé d’enfin gagner loin du Roazhon Park. Il pointe à une indigne 14e place du classement à l’extérieur. Heureusement qu’il est aussi premier de la classe à domicile et a engrangé à l’automne.
Mais ce ne sera pas chose aisée, même si Nantes n’est que 13e de Ligue 1. « C’est une équipe qui prend peu de buts. Qui a des transitions fortes avec des joueurs rapides et efficaces », décrit encore Genesio.
En revanche, le match de jeudi est une bonne base, avec le sérieux défensif et cette intensité offensive du début de match qui augure de bonnes choses quand l’efficacité sera meilleure. Il faut encore progresser dans l’animation et la constance, mais le retour de Bourigeaud incite à la confiance si Majer continue à monter en puissance.
Reste à savoir si les jambes ne seront pas trop lourdes après deux heures de jeu. « Le plus important est de récupérer mentalement. Si tu te dis que tu peux enchaîner, ça va aller », assure Jérémy Doku, qui s’est même surpris à pouvoir jouer toute la prolongation.
Jeanuël Belocian est resté, aussi, jusqu’au terme sur la pelouse, puisqu’il a été le héros malheureux de cette élimination en inscrivant un but contre son camp à la 119e minute. Ce qui ne devrait pas empêcher Genesio de lui faire à nouveau confiance. Au contraire, en fin psychologue, le coach devrait le relancer sans délai pour l’aider à relever la tête. «À 18 ans, il a cette culture de la gagne, cette mentalité de compétiteur, qui ne se laisse pas abattre au moindre événement contraire. »
Le destin voudrait qu’il marque à la Beaujoire, pour montrer que la réussite, qui fuit Rennes en 2023, a enfin changé de camp.