Dimanche Ouest France (Morbihan)
Le projet d’Atelier Gauguin divise Clohars-Carnoët
Hier, 300 opposants au projet « Gauguin, l’atelier du Pouldu » ont manifesté devant la mairie de Clohars-Carnoët (Finistère). Ils jugent son coût trop élevé et réclament un référendum local.
Ils ne lâchent rien, les opposants au projet de centre d’interprétation « Gauguin, l’atelier du Pouldu » à Clohars-Carnoët (Finistère). À l’appel de l’opposition de droite au conseil municipal, et notamment de Loïc Prima, conseiller municipal, près de 300 personnes se sont retrouvées, hier, devant la mairie de cette commune côtière proche de Quimperlé.
Dans un long discours de cinquante minutes, qui a été une lourde charge contre la municipalité de gauche en place, Loïc Prima a affirmé :
« Nous voulons faire comprendre au maire, que la population doit s’exprimer démocratiquement pour ou contre ce projet. »
En un mot, les opposants veulent la mise en place d’un référendum local. Ce que le maire Jacques Juloux refuse. « Je comprends sa position, qui n’est pas démocratique. Il ne veut pas prendre de risques. »
« Pas contre une amélioration »
En attendant, Loïc Prima appelle à un nouveau rassemblement, le jeudi 16 mars, à 20 h, avant le conseil municipal consacré au vote du budget.
« Si cela apporte un plus pour l’attractivité de la commune, nous ne sommes pas contre une amélioration » de l’actuelle maison-musée du Pouldu ouverte en 1989, lieu où le peintre Paul Gauguin, entre autres, a séjourné.
« Mais à un coût raisonnable. C’est ce point-là qui nous gêne. S’il y a une consultation, nous en accepterons le résultat. Et pourquoi pas une réunion publique pour évoquer ce projet ? »
Le coût de ce projet, que les antis estiment prohibitif : 4,2 millions d’euros (2,8 pour la première phase, 1,4 pour la suivante). « Et dans deux ou trois ans, on en sera où ? Alors qu’une partie du foncier n’a pas
encore été achetée. Un maire ne peut pas imposer un tel investissement si lourd. J’espère que vous vous en souviendrez »,
lors des prochaines élections.
De son côté, Jacques Juloux a toujours dit qu’il ne mettrait les finances de la commune en péril. Cet atelier ne se fera qu’avec «50à60%» de subvention. Ou il ne se fera pas.
À ce jour, Clohars-Carnoët est déjà assuré de toucher 300 000 € du département, 460 000 de Quimperlé communauté et 450 000 de l’État. La région devrait y aller d’une somme autour de 400 000 € et le département devrait remettre la main à la poche. Cela « ne fait que 29 % de subvention », reprend Loïc Prima.
Dans le contexte actuel, Loïc Prima
a dit aussi ses craintes de « l’accroissement du déficit annuel des dépenses de fonctionnement, notamment avec les charges de personnel », quand l’atelier Gauguin sera ouvert au public (en 2026). « Aujourd’hui, il y a 4 000 entrées par an. Le maire dit qu’il faudrait les multiplier par quatre. C’est faux, c’est par six qu’il faudra les multiplier, puisque le budget prévisionnel table sur 24 000 entrées. »
« On dépense des millions à tout-va »
Loïc Prima poursuit : « Nous ne comprenons pas de telles dépenses, quand toutes les communes réduisent leurs investissements, en raison de la crise actuelle. Ici, nous
devons être très riches, puisque l’on dépense des millions à tout-va, pour des investissements qui ne sont pas indispensables. Il y a d’autres priorités. De plus, il va donc imposer le coût de ce projet à ses successeurs, puisqu’il a dit qu’il ne se représenterait pas. »
Les opposants avaient également lancé une pétition. Elle avait été remise au préfet du Finistère, Philippe Mahé, qui n’a pas réagi et n’a pas répondu. Quand, à la mi-janvier, il était venu à Clohars-Carnoët découvrir le projet, il avait rencontré les opposants. Et avait rassuré Jacques Juloux : « L’État sera à vos côtés. Investir dans la culture est un acte courageux. »