Dimanche Ouest France (Morbihan)
« Il m’a fallu 17 jours pour reconstituer cette Vierge »
Installé près du château de Kerguéhennec, à Bignan, l’Atelier régional de restauration a pour mission de nettoyer, réparer ou préserver statues, tableaux, sculptures ou retables.
Statues, tableaux, meubles, objets ethnographiques… L’Atelier régional de restauration de Bignan offre une nouvelle vie à des oeuvres d’art de tous styles, de toutes époques.
A la manoeuvre dans l’atelier et les bureaux, quatre restaurateurs diplômés et expérimentés gèrent leurs dossiers de A à Z. « Du devis à la remise en état, en passant par les examens approfondis de l’oeuvre, qui font l’objet de rapports détaillés, le nettoyage, les retouches colorées… Le résultat est souvent impressionnant », détaille leur coordonnatrice.
Yolande Le Bouëdec cite l’exemple d’une statue du Christ d’Équateur. « On l’a radiographiée pour voir ce qui se cachait sous les différentes couches de peinture et il y avait des billes de verre pour les yeux, invisibles au départ. »
Spécialiste du bois polychromé
L’Atelier régional de restauration traite entre trente et quarante dossiers par an, « avec des durées variables selon l’ampleur des travaux et le type de matériaux : bois, pierre, plâtre, cire, papier, os… » Ses clients : principalement des musées, des collectivités, du Grand Ouest mais aussi de toute la France, des particuliers…
Connu comme spécialiste du bois polychromé, l’Atelier vient de réparer une statue du XIVe siècle. « Il m’a fallu dix-sept jours pour reconstituer cette Vierge allaitante, brisée en des dizaines de morceaux », explique Gilles Mantoux.
Le restaurateur de sculptures avait déjà passé des semaines au chevet de Notre-Dame-des-Marais, à Fougères (Ille-et-Vilaine), en 2020. « J’ai dû procéder à une deuxième restauration quand l’oeuvre a été poussée de son socle et est tombée à terre, en février 2021. »
Gilles Mantoux s’est rendu sur place et, patiemment, a remis l’ouvrage sur le métier. « C’était comme un
puzzle à recoller, j’ai ensuite procédé à des comblements, puis à des retouches colorées pour lui restituer son intégrité. »
Le scanner en trois dimensions, réalisé lors de la première remise en état de cette statue classée Monument historique depuis plus de cent ans, a aidé le restaurateur à la reconstituer. La Vierge en pierre du XIVe siècle est désormais prête à retourner à sa place.
« Chaque objet est unique »
L’Atelier s’est aussi vu confier, en ce début d’année 2023, un lot de seize boîtes par le musée d’Épinal (Vosges). « Ce sont des vitrines qu’utilisaient des colporteurs pour passer de village en village et vendre des objets religieux. »
Pour restaurer ces publicités en trois dimensions, datant du XVIIIe siècle et faites de vitrages, de miroirs, de cire, des perles, de textile et de carton, les spécialistes ont dû faire preuve d’imagination. « Chaque objet est unique, il nous faut trouver les solutions techniques adaptées pour le restaurer. » Remises en état, les boîtes anciennes repartiront dans les Vosges au mois de mai.
Récemment, l’Atelier régional de restauration a participé à la renaissance de la chapelle Saint-Yves de Vannes qui, après trente ans de fermeture, a pu rouvrir en janvier 2022.
Marie-Cécile Cusson y a mis au jour une hermine, emblème de la Ville, des palmes académiques et les armes du pape et de l’évêque de l’époque. Fidèle au leitmotiv des artisans de cet Atelier unique : « Donner à voir des choses disparues avec le temps. »
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