Dimanche Ouest France (Morbihan)
Les bons principes pop d’En Attendant Ana
Le disque de la semaine. Voix féminine et pop cuivrée. Avec son troisième album, Principia, le groupe parisien aux influences anglo-saxonnes prend une nouvelle dimension.
Qui est En Attendant Ana ? Un groupe parisien. Deux filles, trois garçons. Mais pas d’Ana. Ce nom est né d’une anecdote, une serveuse de bar à Bruxelles qui se faisait visiblement désirer quand on voulait commander un verre…
Issu de la florissante scène garage parisienne du milieu des années 2010, En Attendant Ana a fait un joli bout de chemin depuis la sortie de son premier EP, il y a maintenant sept ans. Et connu plusieurs remaniements avant d’arriver à sa formation actuelle.
Aujourd’hui, ce sont deux femmes qui font avant tout battre le coeur d’En Attendant Anna : Margaux Bouchaudon, compositrice, guitariste et voix gracile du quintet, et sa comparse Camille Fréchou à la trompette et au saxo. « Nous avons commencé à jouer ensemble, en duo. On n’avait ni batteur ni bassiste », se souvient Margaux.
Un virage plus pop
Lancée sur des rythmes garage endiablés, la musique d’En Attendant Anna a pris un virage plus pop avec leur deuxième album, Juillet, sorti juste avant le premier confinement, en 2020. Très vite, le groupe a attiré l’attention du label américain Trouble In Mind, celui qui avait révélé en son temps les Limiñanas.
La comparaison s’arrête là. Quand le groupe de Cabestany (PyrénéesOrientales) a su mélanger rock psyché et influences yé-yé, En Attendant Ana joue une musique clairement influencée par l’indie-pop. Un courant avant tout anglo-saxon. Pourtant, le groupe ne joue pas pour une chapelle et son troisième album, Principia, a les atouts pour séduire au-delà du simple cercle des férus du genre.
Certes, les influences citées par Margaux – Stereolab, groupe britannique culte des années 1990 emmené par la Française Laëtitia Sadier, Broadcast, Electralane, Cate Le Bon – parleront surtout aux spécialistes. Mais il y a dans la musique d’En Attendant Ana, plus aérée et épurée qu’à ses débuts, une légèreté entraînante et des mélodies propres à séduire toutes les oreilles.
Des chansons accrocheuses et sophistiquées, rehaussées de cuivres, qui ne renient pas les dissonances, et où pointe dans les paroles, intégralement en anglais, une sombre inquiétude. Effondrement, écologie, surconsommation… En Attendant Ana évoque, avec subtilité, les angoisses de l’époque. Paroles (légèrement) déprimantes, musique radieuse, une des formules gagnantes de la pop. De bons principes.
Philippe MATHÉ.
Principia (Trouble in Mind/Modulor), 35 min, 10 titres. En concert ce jeudi 9 mars à l’Antipode à Rennes, dans le cadre de la Route du Rock, à Lorient vendredi 10 mars à l’Hydrophone et le 11 mars à La Carène à Brest.