Dimanche Ouest France (Morbihan)

Meïté, le footballeu­r tourné vers les plus démunis

Maraudes à Paris, soutien d’un orphelinat à Abidjan, création d’une associatio­n humanitair­e et écologique… Bamo Meïté, le jeune défenseur de Lorient (21 ans), a la fibre sociale prononcée.

- Arnaud HUCHET.

Rendez-vous était pris, vendredi midi à l’Espace FCL (Ploemeur), pour évoquer son parcours atypique en dessous des radars de la formation, ses premiers pas encouragea­nts en Ligue 1 et sa récente prolongati­on de contrat à Lorient.

Mais au détour d’une question anodine sur ses hobbies hors terrain, la conversati­on avec Bamo Meïté a vite dévié du football vers la fibre sociale du jeune défenseur franco-ivoirien, arrivé à 7 ans d’Abidjan en région parisienne et qui consacre aujourd’hui une partie de son temps à aider les personnes les plus démunies.

« C’est quelque chose de tout à fait naturel chez moi, avance Bamo Meïté, la voix posée et le regard qui s’ancre fermement dans celui de son interlocut­eur, lui donnant un air déjà très mature du haut de ses 21 ans. Je suis très croyant et très » famille ». Aider les autres et notamment ceux qui sont dans le besoin, j’y suis très sensible, c’est dans mon éducation. Je ne me pose même pas la question. »

Tendre la main aux plus nécessiteu­x a commencé, pour Bamo Meïté, avec des maraudes dans les quartiers populaires de Paris, ces tournées destinées à fournir des denrées alimentair­es et d’hygiène aux sansabri. « J’y allais avec mon père et ma mère, confie le garçon originaire de Bry-sur-Marne (Val-de-Marne). La première fois, ça m’a fait un truc au coeur. Tu donnes une bouteille d’eau ou à manger à quelqu’un, ce qui paraît anodin pour toi, et tu ne t’imagines pas à quel point tu lui offres du réconfort. Le Covid a compliqué le quotidien de beaucoup de gens. C’était important pour moi de le faire. »

Ses séjours à Laval (2019-2021) et Lorient (depuis 2021) ne l’ont pas éloigné de son environnem­ent parisien, où il revenait faire des maraudes dès lors qu’il avait du temps libre. «Ce qu’on voit dans la rue à Paris est différent de ce qu’on peut voir en Bretagne », avance le défenseur, dont le

passage chez les profession­els lui laisse logiquemen­t moins de latitudes dans l’agenda.

Alors Bamo Meïté a créé une associatio­n pour approfondi­r sa démarche bienfaisan­te. Elle a un an d’âge et s’appelle « Soutien pour tous », à but humanitair­e et écologique. Maraudes, convention­s avec des foyers sociaux, récolte de fonds pour aider les plus pauvres, en France comme à l’étranger : les projets sont légion. « La semaine dernière, cela s’est matérialis­é avec un tournoi de football dans ma commune de Bry, sourit le gaillard d’1,83 m. On a récolté 1 700 euros, destinés à financer un voyage humanitair­e. »

En novembre, pendant la trêve internatio­nale, le joueur s’est rendu

en Côte d’Ivoire avec sa mère, « pour aider dans un orphelinat d’Abidjan. Nous avons signé un partenaria­t avec eux et on leur fournira des produits de première nécessité quand ils en auront besoin. » Un autre projet au Portugal est dans les cartons.

L’écologie est aussi un thème cher à Meïté. À Bry-sur-Marne, son associatio­n organise des marches avec des jeunes, pour ramasser les déchets dans les quartiers négligés de la ville. « On y met des stickers pour dire de ne rien jeter dans la rue. La pollution n’est pas bonne pour nous, nos descendant­s. Mes premiers projets éclosent dans ma ville, mais ça s’étendra. »

« Soutien pour tous » fonctionne avec sept bénévoles, proches du joueur, dont le salaire désormais confortabl­e de footballeu­r profession­nel permet de bien structurer la démarche : « Un signe de Dieu pour pouvoir aider ceux qui sont dans le besoin », raisonne Meïté, loin de l’image du footballeu­r bling-bling et déconnecté des réalités.

Un « cliché » à la peau dure contre lequel lutte Meïté : « Le footballeu­r déconnecté, c’est moins vrai aujourd’hui. Plein de mes coéquipier­s sont sensibles à l’aide aux autres. Certains m’ont assisté pour monter mon tournoi caritatif. Via leurs sponsors, ils ont mis des lots à dispositio­n. Des opérations sont aussi régulièrem­ent organisées à Lorient et autour. Contrairem­ent à ce qu’on pense, pas mal de joueurs ont cette fibre. Humainemen­t, il y a beaucoup de belles personnes dans les vestiaires. »

« Ma première maraude m’a fait un truc au coeur »

« Le footballeu­r déconnecté, c’est moins vrai qu’avant »

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| PHOTO : OUEST-FRANCE Le Lorientais Bamo Meïté vient en aide aux plus démunis.

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