Dimanche Ouest France (Morbihan)

L’ascension éclair de Guillaume Diop, danseur étoile

À 23 ans, Guillaume Diop devient le premier danseur étoile non blanc de l’Opéra de Paris. Un symbole mais surtout la reconnaiss­ance d’un immense talent.

- Gilles KERDREUX.

La vidéo diffusée sur les comptes Twitter et Instagram du ballet de l’Opéra de Paris est courte mais on sent toute l’émotion de Guillaume Diop.

On est sur la scène sud-coréenne du LG Arts Center de Séoul, à l’issue, samedi, de la représenta­tion de Giselle, le ballet romantique classique. José Carlos Martinez, directeur de la danse à l’Opéra, annonce que Guillaume Diop est nommé danseur étoile, sans passer par le grade de « premier danseur ».

Le jeune homme de 23 ans, encore dans le costume d’Albrecht, l’amoureux de Giselle, prend sa tête entre ses mains avant de saluer le public. Une joie encore palpable, quelques heures plus tard, quand il évoque sa fierté au téléphone avec France Inter.

Un parcours fulgurant

Cette nomination consacre le parcours fulgurant de ce Parisien qui a découvert la danse à 4 ans et rejoint l’école de l’Opéra à 12 ans. Dans le corps de ballet de l’institutio­n depuis ses 18 ans, il n’a pas cessé d’impression­ner dans des rôles d’étoile, parfois en remplaceme­nt d’autres stars blessées.

Le choix de ce danseur, dont la mère est française et le père sénégalais, a aussi une dimension symboliplu­s

que puisqu’il est le premier danseur étoile non blanc de l’Opéra de Paris.

Une petite révolution dans un monde

longtemps resté corseté dans une esthétique qui amenait à blanchir des corps ou à considérer que des peaux sombres perturbaie­nt l’attention du public face à un corps de ballet qui doit être homogène, c’est-à-dire blanc.

Dans son parcours, Guillaume Diop, lui-même confronté à la rareté des danseurs classiques issus de la diversité et aux réflexions sur ses pieds plats et ses fesses musclées, a senti le besoin de passer par l’école de danse d’Alvin Ailey à New York, compagnie composée essentiell­ement d’Afro-Américains.

À l’été 2020, il avait signé le manifeste intitulé De la question raciale à l’Opéra qui évoquait des expression­s entendues, telles que : « Ne te cambre pas comme une négresse ».

Dans la foulée, un rapport sur la diversité préconisan­t des évolutions avait été réalisé par Constance Rivière, alors secrétaire générale du Défenseur des droits, et Pap Ndiaye, historien, devenu depuis ministre de l’Éducation nationale.

C’est aussi à cette époque que Chloé Lopes Gomes, danseuse classique au StaatsBall­ett de Berlin, avait évoqué son difficile quotidien au sein de cette prestigieu­se compagnie où, comme à New York, Londres ou Moscou, les danseurs non blancs restent rares. Aux États-Unis, Misty Copeland fut la première danseuse étoile noire, en 2015.

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| PHOTO : YONHAP / AFP Mardi, à Séoul, Guillaume Diop avant les représenta­tions du ballet romantique « Giselle ».

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