Dimanche Ouest France (Morbihan)
Dans les parterres, des légumes au lieu des fleurs
La municipalité de Limoges, en Haute-Vienne, a décidé de transformer certains espaces verts pour y cultiver des légumes. Une initiative qui permet d’alimenter plusieurs établissements de la ville.
Dans le square Jacques-Chirac, il faut parfois s’y reprendre à deux fois pour les distinguer. Les espaces verts faisant face à l’hôtel de ville de Limoges (Haute-Vienne) voient se mêler fleurs et légumes. À la grande surprise des habitants : « En plein coeur de la ville, c’est assez intrigant mais on s’y fait », témoigne Martine, qui traverse quotidiennement le square.
Plus utile peut-être que le label « Ville fleurie » longtemps détenu par la commune. C’est en tout cas le souhait de Nadine Rivet, adjointe au maire chargée de la mission « ville nourricière ». Tout un programme. « À terme, l’idée est de s’intégrer dans une stratégie de subsistance alimentaire de la population limougeaude, notamment celle qui est en situation de pauvreté. »
Des produits frais et locaux
Pour y parvenir, plusieurs terrains fleuris ont été transformés pour devenir des potagers. « Ce qui nous a notamment permis de servir, à la rentrée 2021, à 9 000 enfants, des frites faites avec des pommes de terre locales. Puis nous avons élargi un
terrain en périphérie de la ville pour le dédier à une culture maraîchère. »
Ainsi, les légumes cultivés sont régulièrement acheminés à l’épicerie sociale et éducative, à des Ehpad, des crèches et des restaurants scolaires. « Nous leur fournissons l’intégralité des légumes de saison, comme les carottes, les salades, le céleri-rave,
les radis noirs, les courgettes ou les tomates. »
Face au succès de l’opération, la municipalité de Limoges a décidé de cibler quatre espaces verts au coeur de la ville dont le square Jacques-Chirac qui voit pousser, entre autres, poireaux, salades et persil.
Et si ce maraîchage urbain est réalisé à quelques mètres d’une voie très fréquentée par les voitures, l’élue rassure les inquiets. « Nous avons fait des analyses et il n’y a pas de pollution dans les légumes. Et ce sont des produits qui ont poussé sans apports extérieurs ni traitements chimiques. »
En décembre dernier, avant Noël, une distribution de légumes gratuits a été organisée pour écouler le stock avant une période sans restauration scolaire. Un succès. « Nous avions 500 salades, 25 kg de radis noirs, plusieurs cagettes de persil… Tout est parti très vite car les Limougeauds étaient au rendez-vous. »
Une bonne nouvelle pour Romain, étudiant à la faculté de droit, qui a profité de la première distribution. « Des produits frais et gratuits, c’était vraiment une belle occasion à ne pas manquer. Surtout vu l’inflation. Mais je n’en ai pas abusé, il faut en laisser pour tous ceux qui en ont besoin. »
Pour répondre à cette demande, ces espaces dédiés au maraîchage devraient s’étendre de deux à quinze hectares dans les prochaines années.