Dimanche Ouest France (Morbihan)
Sur la route du stade, l’église capte les fans de foot
Depuis peu, l’église Saint-Théodore de Lens (Pas-de-Calais) ouvre ses portes à chaque avant-match du RC Lens à domicile. L’occasion de discuter football, foi et patrimoine avec les supporters.
Le tableau est plutôt insolite. Pas de communiants au milieu de l’église Saint-Théodore de Lens (Pas-de-Calais), mais quatre hommes qui devisent joyeusement sur le patrimoine minier, le RC Lens, la série télévisée Germinal. Tous portent a minima
une écharpe aux couleurs sang et or du club local, l’un arbore même casquette et maillot de foot. « Ça faisait plusieurs fois que nous passions devant l’église en allant au match,
confie Sylvain. Aujourd’hui, on a décidé de rentrer pour voir les vitraux. C’est une très bonne idée d’ouvrir l’église. »
Des supporters de foot à l’église ? Cette scène se répète régulièrement depuis quelques mois. Situé sur l’un des chemins d’accès au célèbre stade Bollaert-Delelis, l’édifice religieux ouvre grand ses portes deux heures avant chaque match à domicile.
L’église, le lien social
Pour attirer le chaland, les bénévoles de l’Association culturelle pour la valorisation (ACV) de Saint-Théodore, écharpe du RC Lens autour du cou, diffusent via un haut-parleur sur le parvis tantôt des chants de supporters, tantôt des textes en patois, comme ce samedi de derby régional face à Lille. Parfois, ils proposent des frianball,
dises ou des boissons chaudes.
Et si l’immense majorité des supporters passe son chemin ce jourlà, la plupart d’entre eux jettent au moins un coup d’oeil rapide ou amusé. Un jeune se signe furtivement d’une main, une bière dans l’autre, avant de pronostiquer un score final de 1 but à 0, pour Lens évidemment.
« L’idée découle des Journées du patrimoine, rembobine Christian Lazewski, président de l’ACV SaintThéodore.
Nous avions ouvert l’église sans réaliser que c’était le jour d’un match à domicile. Ce qui nous inquiétait : on ne va avoir personne, les amateurs de patrimoine ne vont pas pouvoir se garer. » Mais les amateurs de vieilles pierres sont venus. « Nous nous sommes dits que c’était donc peut-être une bonne idée à reprendre ! »
Les jours de match, les bénévoles échangent avec les supporters qui s’arrêtent sur la foi, la religion, le footl’histoire minière. « Ouvrir permet d’attirer des gens qui n’ont pas forcément pensé à entrer dans l’église », explique Frédéric, entre deux lectures de poèmes au micro.
Gaëtan, lui, vient pour la seconde fois. Ce Parisien supporter de Lens a entendu parler de l’initiative dans la presse, sur Internet : « Comme je m’intéresse aux vitraux, j’ai voulu voir ceux de Saint-Théodore. »
Les vitraux. La grande affaire de l’église Saint-Théodore ces dernières années. Depuis sa destruction en 1914 et sa reconstruction en 1926, elle se contentait de verre blanc, faute de budget. L’ACV Saint-Théodore a décidé d’y remédier. Quatorze vitraux ont déjà été installés, les quatorze autres suivront cette année. Et les dons sont évidemment bienvenus. « Mais on ne force personne,
s’empresse de préciser Christian Lazewski. Si les supporters veulent donner, tant mieux. Mais l’idée primordiale, c’est que l’église soit ouverte sur son quartier, sur sa ville. »
Et l’association envisage même d’aller plus loin : « Pourquoi ne pas organiser des bénédictions d’écharpes ou de ballons à l’ouverture du championnat ? Voire faire venir des joueurs ? »