Dimanche Ouest France (Morbihan)
L’opposition à la réforme des retraites perdure
Malgré la pluie, environ 1 000 personnes ont manifesté hier contre la réforme des retraites. « Même si la réforme passe, le gouvernement a perdu », estimaient-ils en constatant la mobilisation.
Environ 1 000 personnes ont bravé une météo capricieuse hier pour manifester une nouvelle fois (la sixième à Ploërmel) contre la réforme des retraites. Une sorte de dernière manche dans le bras de fer engagé entre les syndicats et le gouvernement. La semaine prochaine, le Sénat et l’Assemblée Nationale pourraient voter la réforme prévoyant un report de l’âge légal à 64 ans. « Les manifestations du mercredi 15 mars seront cruciales, pense Virginie Gortais, secrétaire CGT de l’union locale du Pays de Ploërmel. Il faut bien monter au gouvernement que l’on se battra jusqu’au bout. »
« Manifester avec des banderoles ne suffit plus »
Mais dans les rangs des militants, on croit de moins en moins au retrait. « En fait, les Gilets Jaunes avaient raison, partage Céline, ouvrière dans l’agroalimentaire. Leur mode d’action était le bon. Ils ont bloqué, ils ont manifesté devant des Préfectures, ils étaient plus radicalisés que nous. Manifester gentiment avec des banderoles ne suffit plus. C’est terrible de se dire que ceux qui nous gouvernent ne réagissent qu’à la violence. »
Même regret pour Eric, agriculteur dans le pays de Ploërmel. « La réforme est impopulaire, il y a des millions de personnes dans les rues
mais non, le gouvernement va passer la réforme en force. On aurait dû bloquer le pays économiquement dès le début. Regardez les raffineries à l’automne. En 10 jours, ils ont eu gain de cause. Pas nous. »
« Il faut hausser le ton »
Bloquer économiquement le territoire, c’est ce qu’ont appelé à faire les représentants de l’intersyndicale à partir de lundi. « Il faut hausser le ton,
ont-ils scandé au mégaphone. C’est au portefeuille qu’il faut les toucher. Nous organiserons dès le début de la semaine prochaine des blocages et des filtrages. »
Nathalie, aide-soignante, ne regrette pas la « non-radicalisation du mouvement ». « C’est tout à notre honneur que la violence ne se soit pas invitée dans les cortèges. Nous avons défilé pacifiquement en nombre, en famille. Nous devons être fiers de ça. Mais le pire, c’est que ce mouvement va profiter à l’extrême droite et à l’abstention. Pourquoi les gens iraient voter aux prochaines élections ? Lorsqu’ils donnent leur
avis, ils ne sont pas écoutés. »
Patrick, retraité de l’Éducation nationale, partage le même avis. « Même si la réforme passe, le gouvernement a perdu la bataille des idées. Nous avons prouvé que cette réforme était injuste. Après deux années de Covid, nous avons su recréer du lien social, de la solidarité. Maintenant, rendez-vous dans les urnes. »
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