Dimanche Ouest France (Morbihan)

Pontivy, la ville aux ruelles médiévales

À la jonction du Blavet et du canal de Nantes à Brest, le pays de Pontivy (Morbihan) alterne collines, vallons, plateaux, et dispose d’un patrimoine bâti exceptionn­el.

- Françoise SURCOUF.

La tradition veut qu’en 680, le moine Ivy, missionnai­re venu de GrandeBret­agne, ait établi un monastère sur ce territoire et jeté un pont pour relier les deux rives du Blavet, créant le village de Pont-Ivy.

Pour contrôler la traversée de la rivière sur le pont d’Ivy, Alain II de Rohan, héritier des terres alentour, fait édifier, vers 1128, un château qui sera détruit en novembre 1342 par les troupes anglaises d’Edouard III d’Angleterre, venu en personne venger la mort de son allié. Robert d’Artois prend alors Pontivy et forme le siège de Vannes. Pontivy compte à peine un millier d’habitants. L’agglomérat­ion prend de l’importance lorsque Jean II de Rohan édifie sa nouvelle demeure sur les bases du château féodal.

Après la guerre de Succession de Bretagne, les vicomtes de Rohan décident de faire de Pontivy le cheflieu de leur quasi-principaut­é. Leur famille est l’une des plus puissantes de Bretagne. Les travaux du nouveau château commencent en 1479. C’est une véritable forteresse prévue pour la défense. Elle est terminée en 1485. À la fin du XVIe siècle, Pontivy, dont les seigneurs sont protestant­s, est un refuge de huguenots bientôt assiégé par Mercoeur et les troupes de la Ligue. En 1603, la création du duchépairi­e de Rohan accroît la grandeur de la ville. En témoignent, outre le château, la basilique Notre-Damede-Joie, mais aussi les charmantes rue du Fil et rue du Pont, les maisons à pans de bois et les petits hôtels particulie­rs d’époque Renaissanc­e.

Le mouvement national de la défense de la Révolution y tient ses assises en janvier 1790 pour essayer de réprimer les troubles pro-royalistes. Cette ferveur pour le nouveau régime va séduire le Premier Consul.

La cité de l’Empereur

Ce dernier reconnaît au territoire une position stratégiqu­e de premier plan. Le Consulat installe des forces militaires dans la cité et fait canaliser la rivière jusqu’à la mer. L’histoire impériale de Pontivy commence.

Devenu empereur, Bonaparte décide de moderniser les lieux et lance des travaux colossaux destinés à implanter dans la cité, rebaptisée Napoléonvi­lle, les structures militaires, judiciaire­s, administra­tives et religieuse­s dignes d’un grand pôle urbain. Mais l’Empire s’effondre. Il faudra attendre la fin du siècle et l’arrivée au pouvoir de Napoléon III pour voir peaufiner l’oeuvre rêvée par l’Empereur, avec l’inaugurati­on de la gare et de la ligne Auray-Pontivy en 1864. La cité redevient Napoléonvi­lle à l’avènement de Napoléon III en 1848 et jusqu’en 1871.

Promenade dans la vieille ville

La vieille ville a, de nos jours, gardé tout son charme. Depuis la rue du Fil, la place du Martray, la rue du Pont et, sur la rive droite du Blavet, la rue du Général-Quinivet glissent le long des places Leperdit, Anne-de-Bretagne, Ruynet-du-Tailly qui marquent l’emplacemen­t des halles et des marchés d’autrefois. Maisons en pans de bois ou demeures de pierre, défilent ici quatre cents ans d’architectu­re du XVe au XVIIIe siècle. Au sud s’étend l’ancienne Napoléonvi­lle. De facture classique, elle suit un plan en damier dont la place Aristide-Briand serait le centre.

Encore aujourd’hui, le souvenir de l’Empereur est présent dans la toponymie des lieux : rue d’Austerlitz, rue d’Iéna, rue Joséphine… tandis que Pontivy, désormais important centre de l’industrie agroalimen­taire bretonne, est jumelée avec Napoléonvi­lle en Louisiane.

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Encore aujourd’hui, le souvenir de Napoléon est p

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