Dimanche Ouest France (Morbihan)
Elle travaille la technique du plissé sans se lasser
Artisanat. Dans son atelier-boutique de Binic (Côtes-d’Armor), Claudie Daniel conçoit des abat-jour sur mesure. Un art de la rigueur combiné à l’amour des belles matières.
« C’est la lumière qui va mettre le décor en valeur, des lampes mal choisies peuvent tout gâcher », assure Claudie Daniel. Mais choisir une lampe en parfait accord avec son intérieur ne va pas de soi pour tout le monde. « J’ai des modèles en magasin, ça peut déjà donner des indications si on n’a pas d’idée arrêtée. Ensuite, c’est un compromis : entre les envies, ce qui est faisable et ce qui va donner un bon rendu. Mon métier, ce n’est pas juste une suite de techniques, c’est aussi être attentive à ce que les personnes expriment. »
« Vous ne faites jamais la même chose »
Claudie Daniel a toujours « joué avec un fil et une aiguille », aux côtés de sa mère, couturière et abat-jouriste. À 15 ans, elle gagne son argent de poche en commençant par des travaux qui ne se voient pas, comme les doublures. « Ma mère me laissait faire mes propres erreurs, ce qui est le plus sûr moyen pour ne pas recommencer. » Trente-cinq années plus tard, Claudie exerce ce métier avec le même intérêt. « Vous ne faites jamais la même chose. Chaque modèle est unique puisqu’entièrement fait à la main. »
Deux techniques sont possibles : le contrecollé et le plissé. Le premier consiste à appliquer le tissu sur un support autocollant. Le plissé, que
l’on trouvait déjà sur les lampes à huile, est plus compliqué, c’est celui que préfère Claudie Daniel. « Je le travaille sur la carcasse avec du fil, du
tissu, une aiguille, des ciseaux et sans mètre. Je fais tout à l’oeil, je monte au fur et à mesure. »
Il n’existe pas de tissu spécialement formulé pour les abat-jour, c’est à Claudie Daniel de savoir si elle va pouvoir le travailler. « Le velours pour le plissé est trop épais, mais en contrecollé ça peut faire un effet de texture intéressant. Un plissé nécessite aussi plus de matière, ce qui va manger plus de lumière qu’un contrecollé. »
Soie, coton, lin…
Sur les portants cohabitent les échantillons d’éditeurs de tissus haut de gamme et européens. Claudie Daniel n’aime que les belles matières : la soie, le coton, le lin.
«Ilyades modes pour les couleurs comme pour les vêtements, mais elles passent. Il faut choisir des couleurs avec lesquelles on se sent bien chez soi. Il y a aussi des styles. Aujourd’hui, c’est plutôt droit et court. Mais on peut mélanger les styles. »
Claudie travaille pour les particuliers et les professionnels, situés près de chez elle ou bien plus loin. Un restaurant à New York, une villa en Australie, un antiquaire en Italie. Des décorateurs de plateaux font appel à elle pour la télévision. Une notoriété qui pourrait faire hésiter certains à franchir le seuil de sa boutique. «Ce n’est pas parce que c’est fait main que c’est hors de prix, mes premiers abat-jour contrecollés sont à 25 €. » De quoi tenter les enfants de ses premiers clients, dans cet esprit de transmission cher à Claudie Daniel.