Dimanche Ouest France (Morbihan)
Qui d’autre que Jimmy Gressier ?
Championnats de France à Carhaix. Cross long, aujourd’hui (16 h) . Le multiple médaillé européen s’avance en grand favori sur la plaine de Kerampuilh. Le Boulonnais pourrait rétablir une anomalie.
Jimmy Gressier aura la pancarte de favori sur le cross long des championnats de France. Surtout en l’absence de Yann Schrub, titré en 2021, qui a mis fin à sa saison hivernale après trois victoires sur des cross internationaux en 2023. « Ce n’est pas pour me déplaire car ce petit cochon m’aurait posé des problèmes », se marre le natif de Boulogne-sur-Mer, débarrassé aussi de la concurrence de Morhad Amdouni, tenant du titre, engagé sur le cross court mais forfait de dernière minute.
Gressier a hâte d’en découdre aux côtés des Mehdi Frère, Félix Bour... « On m’a dit que Carhaix représente la Mecque du cross ! J’attends de voir. Mais avec les clients engagés, la course sera relevée. »
« Je soûlais mes coaches pour aller aux France »
Cette année, il pourra, enfin, exploiter son potentiel : « Par le passé, je suis plusieurs fois arrivé en méforme, soit parce que j’avais eu une petite blessure, soit parce que j’avais coupé avant car je sortais des championnats d’Europe en salle. Pour mes coaches, les France n’étaient pas l’objectif. Je les soûlais pour y aller ! C’était dur, car mentalement je voulais gagner mais physiquement je n’avais pas le corps pour le faire. »
En effet, son palmarès national en cross-country ne reflète pas son talent. En seniors, il s’est offert le titre une fois, sur le court, en 2021 à Montauban où il avait franchi la banderole
d’arrivée façon 3 000 m steeple. Le crossman avait également fini en or en espoirs en 2019 (3e au général), en bronze en juniors en 2016 et en espoirs en 2018. « J’espère que Carhaix sera ma deuxième médaille d’or en seniors. Ce qui est paradoxal en effet, c’est que j’ai décroché beaucoup de médailles aux championnats d’Europe et je n’en ai quasiment pas au niveau français. Mais c’est parce que mon pic de forme
est plus porté sur les championnats d’Europe plutôt que sur les championnats de France. »
Ce grand fan de football et supporter du PSG, qui petit rêvait plus de la Coupe du monde que des Jeux olympiques, s’explique : « Des athlètes concentrent leur pic de forme sur les France puisqu’ils n’ont pas le niveau pour briller au niveau européen. Moi, ce n’était pas mon choix jusqu’à présent. »
Ses six titres européens en espoirs (2017, 2018, 2019, individuel et par équipes) lui donnent raison. Fin 2021 à Dublin, il avait pris le bronze en seniors (et l’or par équipe), derrière l’intouchable Norvégien Jakob Ingebrigtsen et le tricheur Turc Aras Kaya (contrôlé positif à l’EPO en septembre 2022, et suspendu pour trois ans après avoir avoué).
Un début de saison canon
Cet hiver, Jimmy Gressier a mis de côté le cross et la piste, pour arriver frais cet été sur 1 500 m et 5 000 m, avant les Mondiaux de Budapest en août. Il avait stoppé sa saison estivale après une 4e place au 10 000 m des championnats d’Europe à Munich en août dernier. Avant de reprendre début 2023 sur la route, en claquant des records personnels, sur 10 km (27’33’’) et sur 5 km (13’12’’, record d’Europe).
Dimanche dernier, pour son premier semi-marathon à Paris, il a cassé la barre de l’heure (59’55’’) . Classé 3e derrière deux Kényans, il est devenu le 3e meilleur performeur français de tous les temps. « Je suis content d’arriver à Carhaix avec ma meilleure forme possible, confie Gressier, qui apprécie le parcours qu’il a vu en vidéo. Je sais que je vais pouvoir aller au combat, que je pourrai faire le spectacle, partager avec le public. Je vais pouvoir montrer bien humblement ma classe en cross au niveau français. »