Dimanche Ouest France (Morbihan)
« Le kouign-amann, c’est très bon ça ! »
Alors que Rakiya Maraoui avait décroché son premier titre de championne de France de cross à Carhaix, Abdellah Behar (Bahar officiellement, mais il s’est fait appeler Behar pendant toute sa carrière après une erreur administrative), lui, en comptait déjà deux (1993 à Marignane et 1997 à La Courneuve). Alors Carhaix n’occupe pas une place particulière dans ses souvenirs sportifs.
Il retient quand même, lui aussi, l’ambiance. « Les spectateurs m’avaient vraiment impressionné,
confiait-il un après-midi de janvier, assis sur un banc du parc du Griffon à Vitrolles (Bouches-du-Rhône).
J’entendais les “Allez Behar, allez Behar !” C’était un bon parcours de cross, vallonné. J’ai encore les photos des journaux chez moi. On me voit caché, car la tactique était de rester derrière le Marocain Brahim Lahlafi (vainqueur de la course).
J’avais attendu le dernier tour, pour gagner ce 3e titre devant El Hassan Lahssini… »
Et de se rappeler en riant : «Le gâteau de chez vous, c’est quoi déjà ? Ah le kouign-amann, c’est très bon ça ! »
À 59 ans, le natif de Souk El Arbaa (Maroc) est aujourd’hui installé à Vitrolles, où il est éducateur sportif à la mairie des 15e et 16e arrondissements de Marseille. « Cela doit faire une dizaine d’années. J’entraîne les petits de 4 à 12 ans à l’athlétisme, au parc François-Billoux (15e arrondissement). Je travaille la semaine et les vacances scolaires. Je vais bien
tôt proposer des séances de sport aux salariés de la mairie », confie l’athlète aux deux participations olympiques : en 1996 à Atlanta (abandon en finale du 10 000 m) et en 2000 à Sydney (abandon sur le marathon).
Behar, qui avait fait le choix de venir courir et vivre en France dans les années 1980 (il a obtenu la nationalité en 1993), continue de s’entretenir, mais n’a plus aucun objectif de chrono: « Après 2006, j’ai arrêté le sport pendant dix ans, j’ai pris 11 kilos. Et j’ai repris à un rythme de trois ou quatre fois par semaine, tranquillement. Mais je ne suis pas beaucoup les résultats, je regarde un peu à la télé. »
L’ancien licencié à Franconville puis à la Sco Sainte-Marguerite, entre autres, préfère désormais passer son temps avec ses sept enfants (trois garçons, quatre filles). « Je ne les ai pas vus grandir, alors j’en profite. Les grands travaillent, j’ai des filles en médecine, en fac d’anglais… »
Le triple médaillé européen par équipe en cross (argent en 1998 et 2000 et bronze en 1995) compte aussi d’autres titres à l’échelle nationale, sur piste (5 000 m en 1997 et 10 000 m en 2002) et sur route (semimarathon en 1999). « J’ai plein de médailles, certaines sont rouillées, certaines ont été données pour des compétitions… »
La plus belle à ses yeux est celle de 1993. Il allait par la suite devenir un pilier de l’équipe de France de cross.