Dimanche Ouest France (Morbihan)

Crémation : « Notre devise, la Terre aux vivants »

Le recours aux funéraille­s via la crémation ne cesse d’augmenter, représenta­nt aujourd’hui, 45 % des obsèques en Bretagne. Le point avec l’associatio­n crématiste du Morbihan.

- Pierre WADOUX. Site : www.cremation-ffc.fr ; courriel : acm.morbihan@gmail.com

La devise des 124 associatio­ns crématiste­s en France, « la Terre aux vivants », est on ne peut plus claire. Il s’agit de « défendre la liberté de choix du mode d’obsèques et du mode de sépulture, de défendre la crémation, la rendre la moins onéreuse possible. Et veiller, dans son applicatio­n, à la protection de l’environnem­ent ». Plus qu’un voeu pieux, pour les 23 000 adhérents de la fédération française, et les 180 en Morbihan réunis hier, à Lorient.

« Aujourd’hui, commente Chantal Crenol, présidente de l’associatio­n crématiste du Morbihan et Finistère sud, nous constatons, d’année en année, une forte hausse du choix de la crémation, c’est 45 % en Bretagne, jusqu’à 50 % ici à Lorient (plus de 2000 crémations en Morbihan en 2020). Si l’on revient 40 ans en arrière, la crémation ne représenta­it qu’1 % en France. »

Comment alors expliquer cette progressio­n ? Pour la fédération crématiste, les raisons sont à la fois psychologi­ques et pratiques. « La constructi­on de crématoriu­ms à partir de 1990 a été déterminan­te, estime Chantal Crenol. Ils ont répondu au

choix philosophi­que de pouvoir disposer de son corps dans la vie comme dans la mort. Jadis, on inhumait systématiq­uement, on le faisait comme le faisaient nos ancêtres. Aujourd’hui, c’est différent : on peut aussi avoir des funéraille­s avec bénédictio­n tout en choisissan­t la crémation. »

Dès 1887, la loi donnait les premières clefs d’une liberté de choix du mode d’obsèques et du mode de sépulture, ainsi qu’au strict respect

des volontés des citoyens à cet égard. « Les libres penseurs de l’époque ont changé la donne. Un premier crématoriu­m a vu le jour au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Puis, le concile de Vatican2, en 1962, a acté la crémation, désormais admise par la religion catholique. »

On ne risque donc plus de brûler dans les flammes de l’Enfer en optant pour une crémation. « Je dirais même, sourit Chantal Crenol, qu’il s’agit là d’une tradition d’avenir. »

Qui a ses règles jusque dans l’après crémation. « Nous défendons, par exemple, la dispersion des cendres en mer. Avec autorisati­on préalable d’immersion, signalemen­t par coordonnée­s GPS de la zone de dispersion. On peut la pratiquer avec le concours de la SNSM. »

Une pratique éminemment réglée et mise en musique par la loi. « Nous avons obtenu, en 2008, que les cendres d’un défunt aient le statut d’être humain. De ce fait, plus question de garder des cendres chez soi. Nous essayons aussi, au plan national, de mettre en place un schéma d’implantati­on de crématoriu­ms. Qui doivent être suffisants et utilement localisés. C’est le cas en Bretagne, nous avons été vigilants. »

Si la vie, dit-on, n’a pas de prix, la mort en a un : « sur le plan économique, la crémation avec dispersion revient à 2 500 €, une inhumation c’est entre 1500 et 2 000 € de plus ».

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| PHOTO : OUEST-FRANCE Les membres de l'associatio­n crématiste du Morbihan et du Finistère sud étaient réunis hier, à Lorient. Au centre, leur présidente, Chantal Crenol.

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