Dimanche Ouest France (Morbihan)

Le chaucidou, grand incompris du partage de la route

Vous connaissez le chaucidou, cette chaussée où la voie centrale est trop étroite pour deux voitures ? Utilisé pour réduire la vitesse des automobili­stes et donner la priorité au vélo, il n’est pas toujours compris.

- Olivier CLERO.

Non, ce n’est pas un bonbon, une marque de chaussons ou une spécialité régionale. Apparu dans la fin des années 90 dans les agglomérat­ions qui voulaient faire un peu de place aux vélos, le chaucidou n’a pas encore réussi à se faire un nom et encore moins à faire comprendre son fonctionne­ment. Un chaucidou, c’est quoi ? C’est une Chaussée circulatio­n douce. Cette dénominati­on vient de la Suisse, où il a fait son apparition dès 1997.

Chaussée à voie centrale banalisée

En France, on lui a préféré la dénominati­on chaussée à voie centrale banalisée. Ça sonne moins bien, mais ça devait permettre d’être plus compréhens­ible. Sa définition est très claire : « La Chaussée à voie centrale banalisée (CVCB) est une chaussée sans marquage axial, dont les lignes de rive sont rapprochée­s de son axe, formant ainsi une « voie » centrale bidirectio­nnelle et deux larges accotement­s revêtus appelés « rives ». En cas de croisement, le chevauchem­ent de cette ligne de rive est permis, sous réserve d’être attentif à la présence de cyclistes pouvant y circuler. »

Ce n’est pas encore assez clair pour

vous ? On va reprendre depuis le début. Le chaucidou, c’est une chaussée qu’on a divisée en trois voies : deux pistes cyclables séparées

par une unique voie centrale de la largeur d’une voiture. Pour les vélos, c’est simple. On roule à droite, sur sa voie. Pour les voitures, on roule dans sa voie, au centre, et si un véhicule arrive en face, on se rabat sur la bande de droite, en se positionna­nt derrière les vélos si elle est occupée.

Pour que ça fonctionne sans danger, il faut que la vitesse y soit réduite, souvent à 30 ou 20 km/h pour une bonne cohabitati­on entre cyclistes et automobili­stes. C’est une solution peu onéreuse pour les collectivi­tés, car il faut juste un peu de peinture.

Un fonctionne­ment peu compris

Ça, c’est sur le papier. Dans les faits, on voit régulièrem­ent les voitures rouler à droite et se déporter à gauche pour doubler les cyclistes… Pire, à Lorient, une voiture avait même été flashée à 110 km/h… sur un chaucidou qui offrait un raccourci aux automobili­stes excédés par l’attente interminab­le aux ronds-points autour d’un échangeur de la RN 165…

« Pour être exploitabl­e, cette solution doit être comprise et utilisée »,

explique David Mourre, membre du Claav, le Collectif Lorient agglo à vélo, un référent du vélo qui note qu’aux entrées des chaucidou, il y a un petit panneau explicatif. Mais est-il vu ? Et surtout compris ?….

 ?? | PHOTO : THIERRY CREUX ?? À Lorient, un chaucidou relie la rue de Carnel au rond-point de la Puce via les boulevards Thomas, Lyautey et de Brazza. Cette chaussée pour les circulatio­ns douces alloue deux couloirs aux cyclistes et une seule voie centrale que les automobili­stes se partagent en se rabattant derrière les vélos en cas de croisement.
| PHOTO : THIERRY CREUX À Lorient, un chaucidou relie la rue de Carnel au rond-point de la Puce via les boulevards Thomas, Lyautey et de Brazza. Cette chaussée pour les circulatio­ns douces alloue deux couloirs aux cyclistes et une seule voie centrale que les automobili­stes se partagent en se rabattant derrière les vélos en cas de croisement.

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