Dimanche Ouest France (Morbihan)

Planète : « Je ne pensais pas y arriver »

- Lise OUANGARI.

drôle, ça a été mes grands-parents, raconte Clémence. Ils n’ont toujours pas compris. Ils n’avaient pas ces défis-là à leur époque. » « La plupart des gens ont compris notre choix et ne nous ont pas jugés », témoigne à elle Pauline. « Mon père, au départ, était sceptique. Il craignait que je sois carencée. Il vient de cette génération-là, dit-elle. Au bout d’un an de végétarism­e, je lui ai envoyé les résultats de ma prise de sang, et il a bien dû reconnaîtr­e que mon bilan était excellent. » De son côté, Clémence raconte avoir surpris sa sage-femme en restant végétarien­ne tout au long de sa grossesse, il y a deux ans. « Quand je l’ai revue après la prise de sang du huitième mois, elle a reconnu que j’avais “une large réserve de fer”, alors que des amies enceintes étaient carencées en mangeant de la viande tout le temps. »

Désormais animateur, Michael K. a réalisé que les préjugés pouvaient avoir la peau dure : « Si tu ne manges plus de viande, t’as plus de force ? » l’interpelle un jour un enfant. « C’est là où on voit les intox que véhiculent les gens », commente le quadragéna­ire d’ «1m90» et «95kg».

« On n’est pas des ayatollahs verts »

Jérémy D., lui, se souvient d’un repas de Pâques chez sa grand-mère, où, étant le seul homme, il a été désigné pour couper un gigot d’agneau. «Ça me fait rire. La consommati­on de viande reste très associée au masculin. C’est l’absurdité du rapport à la viande poussée à son paroxysme. Il y a un enjeu de déconstruc­tion sociale autour du mythe carné, encore ancré dans la société. »

Jérémy D., qui considère son végétarism­e comme « un petit sacrifice », assure ne pas vouloir faire du « prosélytis­me ». « On n’est pas des ayatollahs verts voulant imposer aux gens d’arrêter de manger de la viande »,

assure-t-il.

« Quand il y a des barbecues, on fait en sorte de prévoir plus de légumes, et on ne jugera pas nos potes qui se font griller une côte de boeuf »,

explique Pauline, qui ne prône pas un végétarism­e « pur et dur ». « Manger de la viande, c’est possible, mais une fois par semaine, c’est déjà largement suffisant. »

Devenir végétarien impose aussi de porter plus souvent le tablier. «Jeme suis clairement mise à cuisiner »,

admet Clémence. « Ça m’a forcé à me mettre aux fourneaux, j’avais tendance à être feignant », renchérit Édouard L., qui s’efforce à jouer avec les épices, parce que « le tofu, c’est moins sexy ». « Ça a été une redécouver­te de la cuisine », complète Pauline, qui considère aussi « manger plus sainement », avec une alimentati­on plus variée et moins coûteuse. « On mange beaucoup de pois chiches, de lentilles corail… »

Aimant cuisiner, Michael K. se complaît à emmener ses petits plats au travail, où les offres végétarien­nes ne sont pas toujours au rendez-vous. L’occasion pour lui d’échanger avec ses collègues, qui jurent ne pas pouvoir se passer de viande. « Mais comment peut-on manger sans viande?» l’interpelle­nt-ils. Il n’en faut pas plus au quadragéna­ire pour dégainer ses recettes.

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| PHOTO : MAXIME LE CLANCHE / OUEST-FRANCE

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