Dimanche Ouest France (Morbihan)

Evan de Bretagne, Youtubeur « 100 % pur beurre »

Influenceu­rs du Morbihan. Evan Adelinet, originaire de Plouharnel, partage des contenus riches de rencontres. Une démarche où, par la bonne humeur, on apprend mille et une choses sur la région.

- Loïc TISSOT.

« Mes opportunit­és, elles sont nées du culot. Il n’y a pas de risque à demander, je n’ai rien à y perdre. »

Est-ce ici le secret ? Evan Adelinet, alias Evan de Bretagne, a le sourire pétillant et le verbe généreux. Il peut. En six ans, date de sa première vidéo, voilà du chemin parcouru.

Une collaborat­ion au long cours avec Jamy Gourmaud, monsieur C’est pas sorcier, des émissions sur les initiative­s locales sur France bleu,

des animations pour des matinales de France 3 Bretagne : le jeune trentenair­e a de la ressource.

Originaire de Plouharnel, dans le pays alréen, c’est là qu’il fait ses gammes. En se mettant dans les pas d’Yves Courtel, patron de la crêperie La Clé de la Presqu’île qu’il affectionn­e alors en tant que client : « J’ai mis la main à la pâte. » Au marché, au service : « Je me mets en situation. »

C’est sa première réalisatio­n, cela sera sa marque de fabrique. Itou en suivant un ostréicult­eur dans son activité, en plein hiver : « Pour vivre l’expérience, il faut s’investir et aussi que ça amuse. »

Il faut quand même dire qu’Evan de Bretagne ne partait pas les mains dans les poches. Après un BTS audiovisue­l obtenu à Toulouse (Haute-Garonne), il est parti en apprentiss­age à Disneyland, via l’école des Gobelins, à Paris. « Disneyland m’a gardé dans son service audiovisue­l, où l’on réalise photos et vidéos pour la promotion du parc. » Une expérience enrichissa­nte, rigoureuse, où, sur les huit années, il monte en interne des dossiers pour évoluer dans le groupe. Le fameux « culot » qui lui permettra de se déplacer en Floride, à Los Angeles ou encore Shanghai.

En immersion au fort de Penthièvre

Oui, Evan de Bretagne avait de solides bases. Il a attendu le bon moment. Ce n’est pas un rejet profession­nel, mais l’envie de tourner une page avec un retour gagnant au bercail. En exemple, sa maman Agnès, qui a su s’accomplir, passant du métier de fleuriste au travail dans un centre équestre.

Avec 50 000 abonnés, toutes plateforme­s confondues, et dix millions de vues sur six ans, on pourrait se dire que l’exercice est « bankable ». Détrompez-vous. Evan de Bretagne ne retire pas de revenu d’internet quand, par exemple, il part en « immersion pendant deux jours au fort de Penthièvre » où quand il partage le quotidien de la miss monde des « sirènes à Quiberon », bloquant le Sofitel pour les besoins du tournage. Cela demande du temps et des investisse­ments en hôtellerie et restaurati­on.

Évidemment, ces contenus bien léchés fabriquent l’identité du Youtubeur « 100 % pur beurre », construise­nt le personnage, identifié sur les réseaux. Cela ne passe pas inaperçu. En support, notre Morbihanna­is crée ainsi Evan digital studio. Et le premier client sera la Région Bretagne. Le conseil régional et la SNCF lui confient la promotion vidéo de la « ligne grande vitesse entre Paris et Rennes », où il scénarise l’arrivée de surfeurs. Résultat vues.

Il suffit donc d’imaginatio­n, d’enthousias­me, d’une perche à selfie pour que l’aventure se développe. Aujourd’hui, le principe reste le même, mais Evan de Bretagne est toujours accompagné d’un cameraman : « J’ai toujours eu à coeur de transmettr­e. J’accueille ainsi un apprenti à l’année qui me suit dans les déplacemen­ts. » : deux millions de

« Tout ce que je montre est choisi »

Toute cette exposition, c’est bien beau, mais quelles sont les limites de l’exercice ? « Tout ce que je montre est choisi, tout est maîtrisé. » Pas de vie privée et le credo : « Les réseaux vecteurs pour passer de l’info. » Il l’admet, il est très sollicité pour faire du placement de produits et l’avoue : « Je pourrais bien mieux gagner ma vie mais il est hors de question que j’aille contre mes valeurs. »

Naturellem­ent, sur cette toile impitoyabl­e, il ne se fait pas que des amis. Pas assez de langue bretonne, pas assez de ceci ou cela : « On ne plaît pas à tout le monde. »

La positivité de ses sujets l’amène davantage à recevoir des retours positifs : « J’aime aller vers mon voisin qui m’explique son monde. J’aime me tourner vers les gens qui portent des initiative­s pour aller vers ma transition écologique. Cela élève le débat. »

Il a sans doute hérité du côté pragmatiqu­e et raisonné d’Alain, son père, aujourd’hui à la retraite, qui gérait des chantiers d’insertion liés au patrimoine : « Demain, tout peut basculer si Facebook ou les autres plateforme­s changent leurs règles. »

Evan a les pieds sur terre. Cela ne l’empêche pas pour autant de rêver « d’une série sur les phares de Bretagne ou d’aller en Irlande, en Écosse, à la rencontre d’autres Celtes ».

Sur le net : www.youtube.com/channel/UC41PXRC9s­CnXep_kVPy5uog

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| PHOTO : OUEST-FRANCE Pour la photo, Evan de Bretagne nous amène chez lui, à Plouharnel, où tout a commencé, près de l’ancienne gare où passe toujours le tire-bouchon.

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