Dimanche Ouest France (Morbihan)
Saint-Aubin-du-Cormier, déjà 800 ans
Du haut de son promontoire rocheux, Saint-Aubin-du-Cormier, sentinelle des Marches de Bretagne, domine depuis 1223 la vallée du Couesnon.
ain - -du-Cormier
L’occupation des lieux remonte certainement au néolithique, comme en témoignent les six menhirs, les « roches piquées », qui s’élèvent dans la forêt de Haute-Sève. L’existence d’une chapelle dédiée à SaintMalo est signalée aux alentours du Xe siècle. Mais il faut attendre le XIIIe siècle pour voir s’ériger bourg et château sur la ligne de crêtes boisée. Saint-Aubin est alors ce que l’on appelle un « village de défrichement » voulu par les ducs de Bretagne, soucieux de peupler cette région proche du royaume de France et donc particulièrement exposée aux incursions de l’ennemi voisin. Pour aider à son peuplement, ils dotent ces cités de généreux privilèges.
En 1213, Pierre de Dreux épouse Alix de Thouars, duchesse de Bretagne. À sa mort, le 21 octobre 1221, Dreux est proclamé duc « bailliste », ce qui est à peu près l’équivalent de régent, au nom de leur fils, futur Jean Ier. Initialement destiné à une carrière dans le clergé, à laquelle il a renoncé par la suite, il s’est vu attribuer de ce fait le surnom de Mauclerc (en Français moderne : mauvais clerc) . Afin de garder l’oeil sur les baronnies de Vitré et de Fougères, il fonde donc Saint-Aubin.
La fin de l’indépendance bretonne
La ville, située dans une zone d’échanges, devient rapidement florissante. Dès 1225, elle se dote d’un marché qui fait affluer vers elle les habitants de toute la région. Les auberges du Cheval-Blanc, de l’Écu et de la Tête-Noire grouillent de monde et les affaires marchent bon train. La place principale est bordée de maisons-boutiques à pans de bois qui regorgent de marchandises. Aujourd’hui encore, le marché de Saint-Aubin, réputé pour sa convivialité, a lieu chaque jeudi matin dans les rues du centre.
Aux XIVe et XVe siècles, les structures de l’actuelle cité se mettent en place : rue, remparts, portes. Dans la ville close, jardins et vergers abondent. Tout va donc au mieux pour cette cité commerçante en pleine expansion. Mais les nuages s’amoncellent dans le ciel de la Bretagne indépendante. À l’été 1487, Charles VIII, à la tête de ses troupes, entame, avec 12 000 hommes, une campagne triomphante en Bretagne. Il enlève Châteaubriant, Vitré, Clisson. Ploërmel est mise à sac. Les paysans se soulèvent contre l’envahisseur. Le roi échoue à s’emparer de Nantes, capitale du duché. Et c’est sur la lande de Saint-Aubin-du-Cormier, le 28 juillet 1488, que le jeune Louis de La Trémoille, à la tête des troupes royales, remporte une victoire décisive sur les insurgés. La lutte dure quatre heures, à l’issue desquelles 8 000 combattants Bretons gisent sur la lande de Saint-Aubin contre 1 500 dans le camp royal. Le 19 août, François II, vaincu, doit signer le traité du Verger, par lequel il promet que sa fille et héritière Anne ne se mariera pas sans le consentement du roi de France. À la mort du Duc, son héritière doit donc épouser Charles VIII. C’est la fin de l’indépendance bretonne.
Au XIXe et au XXe siècle, la ville change de visage et s’étend. De nouvelles constructions voient le jour tandis que les façades médiévales se modernisent. La place centrale se métamorphose avec la disparition des halles et l’édification de la nouvelle église après destruction de l’ancienne. À présent, la cité, toujours plus dynamique, offre le visage d’un superbe havre de paix et de calme, conjuguant beauté de la nature et atouts d’un riche patrimoine architectural.