Dimanche Ouest France (Morbihan)
Le couple de youtubeurs s’invite le vendredi sur TF1
Influenceurs du Morbihan. Installés à Guiscriff, Sandrine Duport et Thierry Gabet comptent 172 000 abonnés sur leur chaîne YouTube, où ils publient des vidéos de cuisine et jardinage.
D’une ado avachie sur un canapé au 13 h, de TF1. Voilà, en résumé, la trajectoire médiatique de Sandrine Duport et Thierry Gabet, deux quinquas installés à Guiscriff (Morbihan) et suivis chaque vendredi par plusieurs millions de téléspectateurs. Repéré grâce à sa chaîne Popote et potager sur YouTube, ce couple, à la ville (ou plutôt dans les champs) comme à la scène, distille en fin de JT ses conseils de cuisine et jardinage. Un succès « improbable », dont les racines plongent en banlieue nantaise, le 16 mai 2017, dans un appartement de Saint-Herblain (Loire-Atlantique) occupé par Sandrine et ses enfants. Et donc le canapé du salon, où l’ado flemmarde, le smartphone scotché à la main. S’ensuit grosso modo l’échange suivant : « T’en a pas marre de regarder des idioties que tout le monde peut faire ? » « Ben, essaie pour voir ! »
Sandrine, qui a eu plein de vies (comédienne à Paris, restauratrice dans la Vienne, élue à Nantes, etc.), relève évidemment le gant. Sur son balcon de 5 m2, elle improvise une brève vidéo dans laquelle elle cause de ses trois pieds de tomates. Elle s’esclaffe : « Après, j’ai regardé une vidéo sur YouTube pour savoir comment publier une vidéo ! »
Une graine numérique vient d’être semée. Quelques internautes laissent des messages encourageants, et Sandrine se pique au jeu. Pendant ce temps, depuis la campagne morbihannaise où il retape une maison, Thierry « regarde ça de loin », pas sûr de tout bien comprendre.
Avec Sandrine, ils sont un peu comme les deux faces d’une même pièce. Elle, chaleureuse, volubile, originaire de Tarbes (Hautes-Pyrénées), au tutoiement facile. Lui, le Costarmoricain de Canihuel, près de Corlaix, plus terre à terre, jaloux de sa tranquillité, entrepreneur dans l’âme (il a été chef d’entreprise, agent dans « l’immobilier social », ébéniste, etc.) .
Au bout d’un an, Sandrine finit par
atteindre les 2 000 abonnés. « Et quand elle arrive à 5 000, elle me dit que ça lui plaît, qu’elle pense peutêtre en faire son nouveau métier », se souvient son compagnon, mi-intrigué, mi-dubitatif.
50 000 abonnés
Elle se donne « deux ans pour y arriver », la durée de son allocation-chômage. Grâce à un partenariat avec un vendeur de camping-cars, la néoyoutubeuse lance, fin 2018, le Popote tour, dans lequel elle embarque Thierry. Un tour de France culinaire à la rencontre des abonnés, qui partagent leur recette fétiche. « Une très belle aventure humaine », qui fait grimper le compteur à 50 000 abonnés.
Le projet de Sandrine devient alors aussi celui de Thierry, contraint de cesser son activité à cause d’un
pépin de santé. « On tire un trait sur notre vie du moment et on cherche une maison dans la campagne morbihannaise », reprend Sandrine. Ils dégotent « une masure » à Guiscriff, camouflés sous les ronces. « Il y en avait tellement lors de la visite que t’as crevé un pneu… », continue Sandrine, qui refusera de descendre de voiture.
« Là, on a changé de vie »
Mais, pour son conjoint, « il se passe quelque chose. Je suis monté en haut du plateau, ça m’a bouleversé, je voulais vivre ici ». Ils s’y installent en mars 2020, deux jours avant le premier confinement. « On a eu un peu de culpabilité parce que c’était pour nous une période formidable, très bénéfique », sourient-ils.
La France confinée, avec ses envies de verdure et de pain maison, fait les
beaux jours de Popote et potager .La chaîne passe à 100 000 abonnés.
« Là, on a changé de vie, avec quelque chose qu’on n’avait pas vu venir et qui s’appelle la notoriété », commente Thierry.
Dans la petite commune centrebretonne, les deux sont désormais bien identifiés. « Dans l’ensemble, les gens sont plutôt sympas », contrairement à internet où le jardinier et la cuisinière n’échappent pas aux commentaires malveillants. « C’est le jeu, on essaie de ne pas y prêter attention », disent-ils.
Ils sont aussi contactés par les éditions Jouvence pour écrire un livre, puis un autre, etc. Un quatrième, intitulé Je cuisine les légumes de mon potager, est prévu fin juin. Et donc TF1, avec qui le partenariat a été reconduit jusqu’en décembre. Une
« jolie reconnaissance ».
Sur le net : youtube.com/@popoteetpotager
« En faire son nouveau métier »