Dimanche Ouest France (Morbihan)
Le sacre d’un scénariste devenu romancier
Livr’à Vannes. Jean-Louis Milesi a reçu le prix littéraire de la Ville de Vannes pour son roman Au loin, quelques chevaux, deux plumes… Ce « livre exceptionnel » conte la colonisation des Amérindiens.
« La première récompense vient des lecteurs, mais ce prix me bouleverse. » À peine lauréat du prix littéraire de la Ville de Vannes, hier, Jean-Louis Milesi est de retour sur son stand, posant des bandeaux sur des dizaines d’exemplaires de son roman.
Au loin, quelques chevaux, deux plumes…, publié en janvier aux Presses de la Cité, « c’est une histoire de cow-boys et d’Indiens. J’y raconte la naissance de la vocation d’Edward Curtis, dans le Nebraska. »
Entre 1900 et 1930, ce photographe a vécu au sein de tribus autochtones. Surnommé « L’attrapeur d’ombres »
par les Indiens, Edward Curtis a fait l’inventaire des cultures via plus de 40 000 clichés et des enregistrements sonores.
« Écrire, c’est douter »
Le roman de Jean-Louis Milesi a captivé le jury, et notamment Irène Frain.
Le soutien de la lauréate du prix Interallié va droit au coeur de JeanLouis Milesi. Car le sexagénaire est un tout jeune romancier, qui confesse que pour lui, « écrire, c’est douter, de qui on est, de ce qu’on fait, de sa place, douter des mots, douter du sens, un doute qui fait avancer mais qui n’est pas toujours très confortable ».
Après avoir passé son bac, ce « petit dernier d’une famille de prolétaires » a été intérimaire, « dans des usines, des centrales nucléaires »,
jusqu’à ce qu’il candidate, un peu par hasard, pour « un stage de cinéma à deux francs six sous ». Le film ne sortira jamais, mais l’expérience est concluante
pour Jean-Louis Milesi. «À 26 ans, je suis monté à Paris, et au fil des rencontres avec des comédiens et des réalisateurs, je suis devenu scénariste. »
Après vingt ans à prêter sa plume au cinéaste Robert Guédiguian, pour des films à succès comme Marius et Jeannette, Marie-Jo et ses deux amours, Les Neiges du Kilimandjaro, Jean-Louis Milesi a signé le scénario du film d’animation Josep, d’Aurel, qui a reçu de nombreux prix.
C’est aux États-Unis qu’il a écrit son premier roman, Les Bottes de Clint Eastwood. « Quand je suis rentré en France, en 2020, je me suis lancé dans Au loin, quelques chevaux, deux plumes… » Kenavo les doutes, le romancier du confinement repartira du salon Livr’à Vannes – « le deuxième auquel je participe » – conforté dans sa place en couverture, et plus seulement comme un nom défilant au générique.
Le prix « Jeunes adultes » a été remis à Catherine Cuenca pour Nos corps jugés (Talents hauts).
Le prix du roman en langue bretonne a été attribué à Yann-Charlez Kaodal, pour Fulenn (Al Liamm).
Ce dimanche, le salon se poursuit de 9 h 30 à 17 h 30, sur l’esplanade Simone-Veil. Entrée gratuite.