Dimanche Ouest France (Morbihan)
L’ombre d’Éric Tabarly plane sur les pontons
Les organisateurs de The Transat CIC, dont le départ est prévu ce dimanche à Lorient, ont dédié la dernière journée à quai au navigateur de légende qui a remporté cette même transat, il y a 60 ans.
Il flotte dans l’air comme un parfum de nostalgie ce samedi. Si les Imocas, ces fusées des mers, attirent sans discontinuer l’oeil des curieux, à la veille du départ de The Transat CIC, prévu ce dimanche, d’autres observent, avec une pointe d’émotion, des embarcations d’une autre époque. « Les Pen-Duick sont des merveilles », confie Laurent, qui a débarqué à Lorient depuis la Loire, afin d’observer les skippers prendre le large en direction de New York.
Pour ceux et celles qui ignoreraient tout de la course au large, les PenDuick sont les bateaux d’Éric Tabarly, navigateur de légende, mort en mer d’Irlande, en juin 1998. Cette dernière journée à quai lui est d’ailleurs dédiée. Un bel hommage pour celui qui a remporté cette transatlantique anglaise, en 1964, à bord de PenDuick II, il y a donc tout juste 60 ans. Ce ketch de 13,60 mètres – un monocoque à deux mâts – est amarré aux pontons de la Cité de la voile. Reconnaissable à sa coque noire, comme tous les autres Pen-Duick, il n’est pas venu seul. À ses côtés, il y a aussi Pen-Duick VI, le plus majestueux, avec ses 22 mètres de long et ses 32 tonnes sur la balance.
Relancer les courses en équipage
À la mi-avril, après 214 jours de navigation, c’est à son bord que Marie Tabarly, l’unique enfant d’Éric Tabarly, a remporté l’Ocean globe race, une course en équipage autour du monde. « Il n’y a plus assez de courses en équipage. Il faut les relancer
», revendique-t-elle sur la scène de l’auditorium du musée dédié à son père. À ses côtés, Gérard Petipas, qui a longtemps navigué avec le plus célèbre des skippers, acquiesce. « Les courses en équipage, c’est ce qu’il y a de meilleur. Vivre à quinze pendant huit à dix mois, c’est formidable et c’est quelque chose que nous avons perdu », regrette-t-il.
Des mots qui semblent parler au public venu nombreux. Les sourires qui apparaissent ici et là trahissent une certaine nostalgie pour cette époque où les courses en équipage comptaient davantage que celles en
solitaire. « Dans le temps, on avait envie d’être dans un équipage » ,se souvient Gérard Petipas.
« Un autre monde »
Retour sur les pontons de La Base. Des curieux se pressent toujours devant les Pen-Duick et écoutent leur histoire narrée par un fin connaisseur. « Ces bateaux réactivent ma machine à rêves de mon enfance. Tabarly appartient à une époque révolue », avance Laurent, dont l’embarcation personnelle est dépourvue de tout électronique. À l’entendre, les monocoques qui s’apprêtent à s’élancer en
direction de la statue de la Liberté appartiennent à « un autre monde ». Un autre monde qui, en témoigne son déplacement dans la ville aux six ports, le fait tout autant rêver.