Dimanche Ouest France (Morbihan)

L’ombre d’Éric Tabarly plane sur les pontons

Les organisate­urs de The Transat CIC, dont le départ est prévu ce dimanche à Lorient, ont dédié la dernière journée à quai au navigateur de légende qui a remporté cette même transat, il y a 60 ans.

- Nicolas GUÉGAN.

Il flotte dans l’air comme un parfum de nostalgie ce samedi. Si les Imocas, ces fusées des mers, attirent sans discontinu­er l’oeil des curieux, à la veille du départ de The Transat CIC, prévu ce dimanche, d’autres observent, avec une pointe d’émotion, des embarcatio­ns d’une autre époque. « Les Pen-Duick sont des merveilles », confie Laurent, qui a débarqué à Lorient depuis la Loire, afin d’observer les skippers prendre le large en direction de New York.

Pour ceux et celles qui ignoreraie­nt tout de la course au large, les PenDuick sont les bateaux d’Éric Tabarly, navigateur de légende, mort en mer d’Irlande, en juin 1998. Cette dernière journée à quai lui est d’ailleurs dédiée. Un bel hommage pour celui qui a remporté cette transatlan­tique anglaise, en 1964, à bord de PenDuick II, il y a donc tout juste 60 ans. Ce ketch de 13,60 mètres – un monocoque à deux mâts – est amarré aux pontons de la Cité de la voile. Reconnaiss­able à sa coque noire, comme tous les autres Pen-Duick, il n’est pas venu seul. À ses côtés, il y a aussi Pen-Duick VI, le plus majestueux, avec ses 22 mètres de long et ses 32 tonnes sur la balance.

Relancer les courses en équipage

À la mi-avril, après 214 jours de navigation, c’est à son bord que Marie Tabarly, l’unique enfant d’Éric Tabarly, a remporté l’Ocean globe race, une course en équipage autour du monde. « Il n’y a plus assez de courses en équipage. Il faut les relancer

», revendique-t-elle sur la scène de l’auditorium du musée dédié à son père. À ses côtés, Gérard Petipas, qui a longtemps navigué avec le plus célèbre des skippers, acquiesce. « Les courses en équipage, c’est ce qu’il y a de meilleur. Vivre à quinze pendant huit à dix mois, c’est formidable et c’est quelque chose que nous avons perdu », regrette-t-il.

Des mots qui semblent parler au public venu nombreux. Les sourires qui apparaisse­nt ici et là trahissent une certaine nostalgie pour cette époque où les courses en équipage comptaient davantage que celles en

solitaire. « Dans le temps, on avait envie d’être dans un équipage » ,se souvient Gérard Petipas.

« Un autre monde »

Retour sur les pontons de La Base. Des curieux se pressent toujours devant les Pen-Duick et écoutent leur histoire narrée par un fin connaisseu­r. « Ces bateaux réactivent ma machine à rêves de mon enfance. Tabarly appartient à une époque révolue », avance Laurent, dont l’embarcatio­n personnell­e est dépourvue de tout électroniq­ue. À l’entendre, les monocoques qui s’apprêtent à s’élancer en

direction de la statue de la Liberté appartienn­ent à « un autre monde ». Un autre monde qui, en témoigne son déplacemen­t dans la ville aux six ports, le fait tout autant rêver.

 ?? PHOTO OUEST-FRANCE ?? À la veille du départ de The Transat CIC, prévue aujourd’hui à Lorient, des curieux viennent écouter l’histoire des Pen-Duick, les bateaux de légende d’Éric Tabarly.
PHOTO OUEST-FRANCE À la veille du départ de The Transat CIC, prévue aujourd’hui à Lorient, des curieux viennent écouter l’histoire des Pen-Duick, les bateaux de légende d’Éric Tabarly.

Newspapers in French

Newspapers from France