Dimanche Ouest France (Morbihan)
De La Vannetaise à la flamme olympique
Ils jouent collectif. Bénédicte Le Moal, présidente de l’événement sportif, n’imagine pas sa vie sans le sport et le bénévolat. Le 6 mai, elle fera partie des quatre personnes qui porteront la flamme.
L’histoire raconte que la vie de Bénédicte Le Moal, dirigeante de l’agence de communication À l’Encre Bleue, à Vannes, depuis 1999, de nature plutôt discrète, va prendre un autre tournant à partir de 2007. Quatre couples de coureurs, dont les parents de Bénédicte Le Moal, Michèle et Daniel, cherchent à créer un événement marquant autour du cancer du sein, en soutien à leur amie Evelyne Jugan. De là est née La Vannetaise, une course uniquement féminine, qui permet de récolter des fonds pour la lutte contre le cancer du sein.
Les premières années, la responsable s’occupait de toute la communication de la manifestation. « Je prends la coprésidence avec Evelyne en 2014, avant d’être seule aux manettes en 2017 », décrit-elle.
Une histoire de famille
Le repos ? Bénédicte ne connaît pas ce mot. En plus de son engagement quasiment à temps plein à l’association, la cinquantenaire supervise quatorze collaborateurs dans son agence, et est membre active dans trois autres associations. Un jonglage entre vie professionnelle, familiale et associative qui effraie peu Bénédicte. Bien au contraire. « La Vannetaise fait partie de moi. Le sport aussi », répond celle qui reçoit même un coach deux fois par semaine dans ses bureaux.
Les Le Moal ont le sport dans le sang. Daniel, le père de famille, a parcouru des milliers de kilomètres avec la course à pied. Durant sa carrière de sportif de haut niveau, il terminera le marathon de New-York, de Londres, et la Diagonale des Fous à La Réunion. « Mes enfants ont baigné dans mon univers, et pratiquent tous une activité sportive », confirme son père.
2023, une année particulière
En 2007, 750 coureuses se donnaient rendez-vous début octobre. L’organisation prend de l’ampleur, la
motivation aussi. Mais voilà, un événement vient noircir le parcours lumineux de Bénédicte Le Moal. Le 12 août 2023, Michèle, sa mère, décède d’une récidive de cancer du sein. « Je ressens alors des sentiments très ambigus. Il y a d’abord l’injustice. » Puis l’injustice laisse ensuite place au doute :
« On remet en question notre engagement depuis tout ce temps. »
Pourtant, Bénédicte Le Moal ne lâchera rien, et passera la ligne d’arrivée. Le week-end du 6 octobre 2023 se tient la 17e édition de La Vannetaise. Ses proches admirent son engagement sans faille. La jeune femme, pur produit breton, a su bien s’entourer au fil des années et créer des liens très forts. « C’est une trois étoile, notre Bénédicte », assure Catherine
Morio, sa meilleure amie du lycée, membre du bureau à La Vannetaise. Ce week-end-là, 10 000 coureuses étaient au rendez-vous, et plus de 350 bénévoles se sont mobilisées. Un message fort qui redonne du sens à son engagement et la rage de continuer.
Et revient la flamme
Après une année difficile, une annonce vient raviver la flamme de Bénédicte Le Moal. « Je me souviens, c’était un 19 janvier, se remémore la présidente. Le maire de Vannes m’appelle et me dit : “Je dois choisir quatre personnes pour porter la flamme olympique le jeudi 6 juin 2024, et tu en fais partie.” » Là, c’est le choc. Elle ne sait pas quoi répondre. Pour ses proches, c’est la consécration. Enfin,
Bénédicte Le Moal a la reconnaissance qu’elle mérite. « On était tous très émus, témoigne Daniel. Émus de voir qu’elle était à un aussi haut niveau. Je me suis dit : “Je suis fier d’être son père. ” » Porter la flamme olympique résonne différemment dans la famille Le Moal. Pour ces sportifs, qui ont tous rêvé, un jour ou l’autre, de participer aux Jeux olympiques. « Je ne passe pas un jour sans qu’on m’en parle, plaisante la cinquantenaire. Tous mes proches seront là. » Plus de doute pour Bénédicte. Elle sait pourquoi elle s’engage bénévolement chaque année, et elle continuera le temps qu’il le faudra. Le sport à la réponse à tout.