Dimanche Ouest France (Vendee)

La réforme adoptée au Sénat, une semaine décisive s’ouvre

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Le Sénat, àmajorité de droite, a adopté, hier, la réforme des retraites et le report de l’âge légal de départ de 62 à 64 ans, par 195 voix contre 112, au terme de dix jours de débats heurtés. Après l’examen de tous les amendement­s, les sénateurs ont approuvé le texte dans la soirée, avec une journée d’avance sur l’échéance fixée à ce dimanche minuit.

Les sénateurs de droite ont tout fait pour examiner la réforme tambour battant. Bruno Retailleau, président du groupe Les Républicai­ns au Sénat, a ainsi retiré son amendement- phare sur les régimes spéciaux. Il voulait que la suppressio­n progressiv­e de ces régimes, qui concerne les nouveaux embauchés d’entreprise­s comme la RATP, EDF- GDF ou la Banque de France, soit étendue aux salariés actuels. Ce renoncemen­t a boosté l’examen au Sénat, car il a rendu inopérants une multitude d’amendement­s déposés par la gauche.

Une commission à huis clos

La gauche a continué hier à présenter ses centaines d’amendement­s, prenant soin d’utiliser à chaque fois les deux minutes qui lui sont imparties. Même si c’était en pure perte, puisque le ministre du Travail Olivier Dussopt a sorti vendredi l’article 44.3 de la Constituti­on. Celui- ci permet un « vote bloqué », soit un vote unique sur l’ensemble du texte, sans mettre aux voix les amendement­s défavorabl­es au gouverneme­nt.

Le texte sera examiné mercredi matin en commission mixte paritaire (CMP). Sept députés et sept sénateurs ( et autant de suppléants) devront discuter dans une salle à huis clos du Palais- Bourbon, afin de dégager un compromis sur les mesures qu’Assemblée et Sénat n’ont pas votées dans les mêmes termes. La majorité présidenti­elle et la droite ont l’avantage en CMP, avec respective­ment cinq et quatre titulaires chacun.

Si, hypothèse peu probable, il n’y a pas d’accord en CMP, il faudra recommence­r les navettes entre les deux chambres afin de parvenir à un accord avant le 26 mars. Faute de quoi, la réforme pourrait être mise en oeuvre par ordonnance­s, ce qui ne s’est jamais fait.

La menace du 49.3

Si un accord est trouvé en CMP, celuici devra être voté jeudi dès 9 h au Sénat, puis dès 15 h à l’Assemblée, ce qui vaudra adoption par le Parlement.

En coulisses, on tente de convaincre les réfractair­es et les hésitants. Même dans le camp Macron, surtout sur l’aile gauche, certains sont réticents.

La Première ministre Élisabeth Borne, qui a salué « une étape importan

te » après le vote au Sénat, a prévenu qu’elle n’hésiterait pas à recourir au fameux article 49.3 de la Constituti­on, qui vise à faire adopter un texte sans vote. Cette décision pourrait se prendre mercredi ou jeudi en Conseil des ministres.

Dans ce cas, les députés d’opposition pourraient déposer des motions de censure à débattre à partir de samedi, avec toutefois peu de chances que l’une d’elles parvienne à renverser le gouverneme­nt.

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| PHOTO : VINCENT ISORE, IP3 PRESS / MAXPPP Au Sénat, le député LR Bruno Retailleau a renoncé à déposer son amendement sur les régimes spéciaux.

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