Dimanche Ouest France (Vendee)

Elle a changé de vie pour devenir cidricultr­ice

Foussais- Payré – Avant, Margaux travaillai­t à Paris, dans le tourisme. Aujourd’hui, elle produit pommes et poires dans unmagnifiq­ue écrin, pour faire du cidre et du poiré haut de gamme.

- Les gens d’ici Flora CHAUVEAU. margauxtou­rrette@gmail.com

Le pas déterminé, la casquette toujours vissée sur la tête, le large sourire. À 29 ans, Margaux Tourrette ne semble avoir peur ni de l’effort, ni du qu’en- dira-t- on. Elle est aujourd’hui à la tête d’une petite entreprise de culture et de transforma­tion de pommes et de poires, située dans le village des Rouillères, à Foussais-Payré, sur une partie du verger qui, historique­ment, appartenai­t à la famille Hérisson Garin.

Pourtant, sa présence ici, au coeur de ce magnifique écrin de nature, n’a rien d’anodin. Il y a trois ans, encore, elle travaillai­t dans le tourisme en plein Paris. « J’ai fait une école de commerce. Mon rêve c’était de parler plusieurs langues et de vivre à l’étranger. » Son job à Paris répond à ses aspiration­s. « Sur le papier, c’était nickel, raconte- t- elle. J’avais un bon salaire, des supers collègues, je parlais anglais toute la journée, j’étais client mystère donc j’allais faire des visites du Louvre, de la Tour Eiffel… Mais tous les soirs, je rentrais chezmoi, j’avais la boule au ventre. Elle ne me quittait pas. »

« J’ai eu une chance incroyable : je me suis fait virer » Une graine commence à germer dans sa tête. « J’ai une grande soeur qui s’était installée, quelques années plus tôt, dans la production de vin nature. J’étais fascinée par le processus qu’elle avait mis en place : avoir un vignoble, maîtriser la culture de A à Z… Notre génération, on arrive un peu tous avec cette question de la quête de sens. »

Alors, de temps en temps, Margaux navigue sur le site de son compte formation, se prêtant à rêver en tapant « agricultur­e » ou « arboricult­ure ». Le Covid arrive. « Et là, j’ai eu une chance incroyable : jeme suis fait virer ! » À peine le temps de pleurer la perte de son poste qu’elle s’inscrit, dès le mois suivant, à l’école supérieure des agricultur­es (Esa) d’Angers. Pendant deux ans, elle étudie et fait des stages chez des arboricult­eurs et cidriculte­urs passionnés. « Des rencontres extraordin­aires », raconte la jeune femme. C’est décidé : elle sera cidricultr­ice.

Elle se met en quête d’un verger. D’abord autour de La Rochelle, sa ville d’origine, puis elle s’éloigne un peu et tombe sur celui des Rouillères. Un verger de pommes et de poires de table, c’est ce qu’elle cherche. « Ailleurs dans le monde, ils font du cidre avec des poires et des pommes de consommati­on, et c’est extraordin­aire. » La rencontre avec une voisine très chaleureus­e, croisée dans le village, achève de la convaincre. « Je me suis dit : ok, ça a l’air vraiment cool. »

Huit heures par jour à tailler ses pommiers

Dès janvier 2022, la voilà au travail dans ses 3,5 hectares de plantation. Cet hiver- là, elle passe huit heures par jour à tailler ses arbres. « C’était assez costaud. » Elle enchaîne sur les traitement­s. Dans ce verger, en conversion bio, « je fais mes décoctions, mes macération­s. De l’ail, par exemple, dans lequel il y a du soufre, qui évite les maladies fongiques. J’utilise aussi des huiles essentiell­es, etc. »

La première récolte, à la fin de l’été, lui permet de presser ses premiers fruits : ce sont des poires, qu’elle conditionn­e en petites bouteilles de 33 centilitre­s, ornées d’une étiquette colorée et originale, dont l’illustrati­on a été conçue par une artiste américaine rencontrée sur le réseau social Instagram.

Ces jus de poire seront ses premières ventes. Dans quelques semaines, le cidre et le poiré devraient être prêts : ces dernières semaines, les jus ont macéré dans des cuves, sous l’oeil attentif de la productric­e et le processus de transforma­tion est en train de se terminer dans les bouteilles.

Dépoussiér­er l’image du cidre

Pourquoi du cidre ? « Avant, on en parlait peu, il n’y en avait pas dans les bars. Plusieurs producteur­s ont dépoussiér­é l’image du cidre. Et des petits artisans comme nous entrent dans le sillon et profitent de ce regain d’intérêt, soutenus par des ambassadeu­rs comme Thierry Marx. » Sa cible : les bars, restaurant­s, épiceries. Pour pérenniser son entreprise, elle a décidé de miser sur du haut de gamme.

De Paris à la Vendée, elle ne regrette absolument pas son choix. « C’est du bonheur ! » Mêmesi le travail est dur et qu’elle apprend en faisant, elle peut compter sur un réseau d’agriculteu­rs locaux très soutenants et le technicien agricole historique du verger. Être dehors, avoir la liberté de faire ses propres choix dans un endroit magnifique… Pas de regret, pour la jeune cidricultr­ice !

Sur Instagram « Maison_To ». Ses produits sont à retrouver à l’épicerie BLV et au pub La Chopine, à Fontenay- leComte, au restaurant Aperta, à La Rochelle, à l’épicerie Au Vrac, aux Sables- d’Olonne, etc.

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PHOTO OUEST-FRANCE Margaux, 29 ans, arboricult­rice dans ses vergers de Foussais-Payré.

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