Dimanche Ouest France (Vendee)
« Les faits donnent raison aux opposants »
Sylvain Griffault, maire de Melle, près de Sainte- Soline.
Melle a décidé d’accueillir la base arrière de la mobilisation. Pourquoi ?
Dans un format différent de la manifestation. C’était la condition pour que le conseil municipal accepte. Nous en avons longuement discuté avec les organisateurs. Melle a accueilli des lieux d’échanges, de débats et de rencontres parfois extraordinairement émouvantes.
Que vous inspirent les violences qui ont marqué lamanifestation ?
À partir du moment où les organisateurs annoncent une manifestation pour stopper un chantier, cela veut dire que le chantier va être attaqué. Et quand on déclare qu’on va s’attaquer aux biens, ça ne peut pas bien se passer. Il était important que Melle puisse accueillir ceux dont ce n’est pas le mode de revendication. On y fête l’eau. Le combat préventif qui se déroule ici permettra, peut- être, d’éviter que le monde agricole se déchire demain.
Comment la population de Melle perçoit-elle ce mouvement ?
Elle est choquée par le déploiement et l’omniprésence des forces de l’ordre. Je l’ai souligné à la préfecture. Quand des gendarmes débarquent de partout et réalisent un grand nombre contrôles et de fouilles, plusieurs fois par jours, ça tend et ça inquiète.
Lacommunese sent-elleconcernée par cette bataille de l’eau ?
Elle l’est depuis que des manifestations sont organisées à Sainte- Soline. En 2018, le mouvement s’est tendu et radicalisé lorsque des opposants sont sortis du protocole d’accord du projet de construction des seize bassines. Cinq ans plus tard, les faits n’autorisent pas les violences mais ils donnent raison aux opposants. Le schéma de cohérence territorial du Mellois en Poitou montre que 90 % de nos réserves souterraines d’eau vont mal. Sept sur neuf présentent un mauvais état quantitatif. On pompe beaucoup d’eau dans le sol, depuis très longtemps et on va le payer pendant des années. C’estmaintenant qu’il faut réagir.
Renouer le dialogue entre les irrigants et les opposants, est-ce possible ?
L’excès nuit en tout. Melle est un territoire rural pauvre, sur lequel on a installé une trentaine de mâts d’éoliennes acceptées par la population, et où l’État veut en installer encore plus. Avec l’eau, c’est lamême chose. Comme si la commune était un gisement qu’il fallait exploiter jusqu’au bout. Le dialogue, il existe déjà à l’intérieur du monde agricole. Près de 70 millions d’euros de subventions vont être investis dans le projet de construction des bassines. Cela me dépasse que l’on investisse autant d’argent public dans un projet privé.