Dimanche Ouest France (Vendee)
Céréalier, ancien éleveur… et à la tête de la FRSEA
Agriculteur près duMans, Dominique Rousseau vient d’être élu président du syndicat régional. « J’ai rejoint le syndicalisme agricole pour voir et j’y suis resté », témoigne- t- il.
Dans la stabulation, derrière les auges vides, les tracteurs ont remplacé les vaches depuis une dizaine d’années. Les passereaux qui chahutent au- dessus du champ voisin sont désormais les seuls animaux de Dominique Rousseau.
« La production laitière, c’était trop de contraintes, de mises aux normes. Alors, mêmesi je l’ai vécu comme un échec, j’ai préféré arrêter et ne faire que de la polyculture », explique l’agriculteur de Spay qui fait pousser, dans sa ferme à quelques kilomètres duMans, blé, chanvre, colza, maïs, tournesol.
La Sarthe se « céréalise ». Chaque année, les plaines du bassin parisien mordent un peu plus les champs du département. « L’élevage s’en va, tout doucement », résumel’exploitant qui a été élu, lundi 6 mars, président de la FRSEA, la Fédération régionale des syndicats d’exploitants agricoles des Pays de la Loire. Celle- ci compte 15 000 adhérents sur les 32 000 chefs d’exploitation de la région.
Une mission « apolitique »
Dominique Rousseau, 59 ans, a fait son entrée dans le syndicalisme agricole « un peu comme on rejoint un comité des fêtes ». Bals, sorties du week- end : il passe tous ses temps libres avec la section des Jeunes agriculteurs, la version « junior » de la FDSEA (fédération départementale), où il siège aujourd’hui comme secrétaire général. Élu municipal dans sa
commune, l’exploitant est aussi passionné de courses automobiles et est engagé commecommissaires de piste sur les 24 Heures du Mans.
Sa mission ? « Parler d’une seule voix pour représenter tous les agriculteurs des cinq départements », notamment auprès des services de l’État en région et de la chambre d’agriculture, détaille le céréalier, qui veut mener une action « apolitique ».
Premier chantier : le renouvelle
ment. « Il faut positiver lemétier pour que les jeunes s’installent, souhaite l’agriculteur, adepte des réseaux sociaux. Il faudrait aussi qu’on cesse d’empiler tant de réglementations et de mises aux normes et qu’on prône une écologie de solutions plutôt qu’une écologie punitive. »
Des robots de traite… et des bassines
Dominique Rousseau voit l’agriculture de demain « plus verte ». Avec des plantes « qui auront su, grâce à la génétique, s’adapter au réchauffement climatique ». Des robots de traite « permettant d’offrir plus de temps aux jeunes agriculteurs qui aspirent à une nouvelle vie ». Et des bassines, aussi, puisqu’il « faut bien prendre l’eau quand on en a en trop », estime le nouveau président.
Agribashing
Dans ses champs, la pluie tombée ces derniers jours permet tout juste de soulager les plantations. « Sinon, on aurait commencé à irriguer sous quinze jours », révèle l’agriculteur, à la recherche d’un embryon d’épi dans le brin de maïs qu’il vient de cueillir au sol.
« 2022 a été atypique et, cet hiver, les nappes n’ont pas été rechargées en eau. Dès qu’on arrose, on est vus comme des exploitants voulant faire du gros business, mais c’est d’alimentation dont on parle ! » peste Dominique Rousseau, qui préfère, face à l’agribashing, faire preuve de communication positive. Renverser des tas de fumier pour protester ? Très peu pour celui qui préfère organiser… des défilés de tracteurs illuminés. Ce fut le cas à Noël dernier, dans plusieurs communes de la Sarthe et jusqu’au centre-ville du Mans.
« Ces soirs- là, on a vu revenir parmi nous des gars qu’on ne voyait plus en réunion ou en manif depuis longtemps », s’amuse Dominique