Dimanche Ouest France (Vendee)

Le festival Rock l’a propulsé vers la Sirène

Que sont-ils devenus ? David Fourrier, le directeur de la salle de musiques actuelles de La Rochelle, est l’un des fondateurs dumythique festival Rock, de Fontenay- le- Comte.

- Flora CHAUVEAU.

On reconnaît son sourire et ses yeux rieurs, sur la photo en noir et blanc, dans le journal de l’époque. C’était il y a plus de trente ans. « Oui, ce jeune homme, sur la photo, c’était bien moi ! » dit David Fourrier. Aujourd’hui, l’homme est le directeur de La Sirène, la salle de musiques actuelles de La Rochelle. Sur la photo, c’est un lycéen parmi sa bande de potes. Années 80, à Fontenay- le- Comte la jeunesse s’ennuie sec. Alors, ces jeunes- là se lancent dans la création d’un festival qui fera la renommée de la ville et qui reste encore dans la mémoire de beaucoup d’amateurs de musiques, aujourd’hui : le festival Rock.

« C’est une histoire qui remonte à plus longtemps encore. » David Fourrier, 53 ans aujourd’hui, n’a pas de mal à se remémorer les souvenirs d’alors. « Quand j’étais en seconde, je suis allée voir les instances sociocultu­relles de l’époque, notamment Bernard Leclerc qui était le directeur de l’office social et culturel de Fontenay. Je lui ai proposé de monter des bus pour aller voir des concerts à Nantes. On est allé voir les Cure, U2, etc. Et c’est parti comme ça. »

Un succès dans la salle, un fiasco dans l’orga’ !

Le jeune David fait partie du groupe de musique nommé… Les Hérissons de l’A10 ! Les mercredis après- midi, ils se retrouvent chez Laurent Ouvrard, le disquaire de Fontenay, « un grand frère en quelque sorte », qui ouvre les horizons musicaux des jeunes garçons. « On n’avait pas les moyens d’acheter des disques, il nous permettait d’écouter tout ça. » Du rock, surtout, « un peu engagé. »

« Un jour, j’ai dit à Bernard Leclerc : ce serait super si, avec les copains, on était capables d’aider à organiser un festival de Rock. Bernard a dit : Banco ! À l’époque, à part les Francofoli­es, le Printemps de Bourges, il existait très peu de festivals. On a bossé ensemble, moi sur la partie programmat­ion, Bernard a trouvé les moyens économique­s et on a mis en oeuvre le projet avec les jeunes. »

À l’affiche de la première édition : The Fleshtones, Les Dogs ou encore… Noir Désir, un groupe pas encore très connu en 1988. « Ça a évidemment été un choc ! Ça a été un succès, la salle était remplie. Ça a aussi

été un fiasco dans l’orga’car personne ne savait comment organiser un festival, avec bien évidemment tous les aléas qui vont avec. Mais ça a été, en tout cas, un point de départ d’une aventure assez exceptionn­elle pour la jeunesse, qui a positionné Fontenay commele lieu de la culture musicale du territoire. »

Le festival a suscité bien des vocations

Et le festival Rock a suscité bien des vocations, chez les gens qui l’ont côtoyé, de près ou de loin. David Fourrier n’est pas tout à fait la seule tête connue de la bande de l’époque. Parmi les jeunes qui participèr­ent à la création ou qui furent bénévoles, on

trouve Benoit Benazet, actuel directeur du Quai M, salle de concert de La Roche- sur-Yon, Sébastien Chevrier, le coordinate­ur du Chantier des Francos qui accompagne les artistes émergents ou encore Manuel Allard, actuel coprésiden­t du festival des Nuits Courtes à Fontenay- le- Comte. « Et je vous passe les intermitte­nts qui sont nés de ce mouvement associatif. Je dois oublier beaucoup de monde ! »

David Fourrier, lui, est parti faire ses études à Bordeaux, « place forte du rock ». Il a ensuite dirigé durant dix ans l’associatio­n culturelle La Passerelle, à Fontenay- le- Comte, qui continuait à organiser le festival Rockmais aussi d’autres événements comme un festival de musiques tziganes.

« On a secoué le cocotier, on a fait sortir les gens »

Il rejoint ensuite Le Loup Blanc, la boîte d’événementi­el de Niort, puis l’espace culturel Leclerc où il organise des concerts, puis il travaille sur la programmat­ion de La Nef, salle de musiques actuelles d’Angoulême ainsi que le festival Garden Nef Party, « où on a accueilli Muse, Iggy Pop, Arcade Fire… », avant d’arriver à La Rochelle pour piloter la création de la salle qu’il dirige aujourd’hui.

Un parcours sans faute qui puise

donc ses racines dans une passion musicale, alimentée par sa ville natale. « Entre 1991 et 2001, au niveau culturel, il s’est vraiment passé des choses à Fontenay- le- Comte. Et pas seulement au niveau musique rock. On a secoué le cocotier, on a fait sortir les gens de leur maison. » Le festival Rock a fait sa dernière édition en 2001. Faudrait- il le refaire ? « Ce ne serait ni souhaitabl­e, ni jouable, estime- t- il. Cela correspond à la période des radios libres, etc. Il ne faut pas être dans la nostalgie. Les lieux changent. Il y a de belles manifestat­ions qui existent aujourd’hui. Il vaut mieux regarder la ligne d’horizon. »

Fontenay, David Fourrier y retourne régulièrem­ent. « J’y ai des liens affectifs, j’ai gardé des contacts avec d’anciens bénévoles, qui fréquenten­t d’ailleurs régulièrem­ent la Sirène. » Il dit encore : « J’ai eu énormément de chance. Si Bernard Leclerc n’avait pas été présent pour accueillir la bande d’hirsutes qu’on était, beaucoup de vocations ne seraient pas nées. J’aurais peut- être suivi la voie familiale en devenant enseignant. J’espère que c’est encore possible, que des gens soient aujourd’hui capables d’accueillir des jeunes qui ont un projet et de les aider à l’accomplir. »

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| PHOTO : MARIEMONTE­IRO David Fourrier, le directeur de la Sirène, salle de musiques actuelles de La Rochelle, « pur produit » du festival Rock de Fontenay-le-Comte.
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PHOTO : ARCHIVES OUEST-FRANCE Dans « Ouest-France » du 5 avril 1988, des jeunes organisate­urs du premier festival Rock de Fontenay-le-Comte. À droite, David Fourrier.|

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