Dimanche Ouest France (Vendee)

Ces restaurate­urs ont été les sentinelle­s du Gois

Georgette Grondin a tenu avec Gilles, sonmari, le bar- restaurant Le relais du Gois, de 1972 à 2000. Plus de vingt ans après, le couple livre ses souvenirs, lesmeilleu­rs comme les plus dramatique­s.

-

En 2000, Georgette et GillesGron­din, propriétai­res du Relais du Gois, barrestaur­ant à l’entrée de l’emblématiq­ue passage, coté Beauvoir- sur- Mer, ont pris leur retraite et se sont installés en face, sur l’île de Noirmoutie­r. Ils ont encore vue sur la mer mais par beau temps, c’est l’île d’Yeu qu’ils voient. « Au début, je rêvais du Gois toutes les nuits, j’en rêve encore mais moins souvent », confie Georgette Grondin. Il faut dire qu’il a rythmé ses trente années passées sur le continent.

Tout commence dans les années 50

Après vingt- cinq années de boulangeri­e à Bouin, Eugène et Andrée Grondin rachètent en 1952 le petit café à l’entrée du Gois. L’établissem­ent sert de lieu d’attente obligée entre deux marées, notamment aux routiers. À cette époque, le pont n’existe pas et c’est le début du tourisme. D’abord serveuse au Relais du

Gois, la jeune Georgette, originaire de la Mayenne, épouse par la suite le fils des tenanciers, Gilles. Le jeune couple reprend en 1972 l’affaire, qu’il cédera quand sonnera l’heure de la retraite. En attendant la marée basse, les premières voitures s’arrêtaient jus

te devant leur établissem­ent. Interminab­le, la queue allait jusqu’au centre de Beauvoir- sur- Mer. « Même jusqu’à Bouin ! », se souvient Gilles Grondin.

Le couple vivait au- dessus du restaurant. Chaque jour, Georgette Grondin notait sur un cahier la météo, les heures de marée et les incidents. « Ils créaient l’animation. Il y avait toute une ambiance, surtout quand cela se terminait bien. »

Certains événements étaient en effet sans conséquenc­es dramatique­s, parfois cocasses comme le lavage de véhicules dans le Gois, celui- ci sous la neige ou la traversée en camion à marée haute.

En 1990, c’est un chalutier, Le Redoutable qui est resté coincé sur la chaussée en attendant la marée montante. « Ce qui était drôle, c’est que c’est lui qui avait la priorité sur les véhicules », rappelle Georgette Grondin. Autre souvenir : l’interdicti­on de la pêche sur les balises à cage qui donnait lieu à de fausses alertes : « Je croyais que c’étaient des naufragés. » En effet, si Georgette Grondin voit le Gois comme « un lieu magique, un caméléon aux couleurs magnifique­s ou même [s]on ami », il a été le théâtre de drames qui lui ont laissé des souvenirs terrifiant­s.

« Fidèle sentinelle des voyageurs égarés »

Eugène Grondin n’hésitait pas à porter secours aux automobili­stes imprudents, sauvant ainsi des dizaines de vies. Son fils et sa belle- fille ont fait de même en appelant les pompiers quand il le fallait et en prodiguant des soins aux victimes. Les yeux rivés sur le Gois avec ses jumelles à chaque marée, Georgette Grondin a été qualifiée de « vigie », « ange gardien », « Saint- Bernard », « fidèle sentinelle des voyageurs égarés » par les médias qui lui ont consacré articles ou interviews. « C’était plus fort que moi, il fallait que je le regarde. Je ne m’en fatiguais jamais. »

Des centaines de personnes ont été secourues grâce à elle et son mari, comme ces deux estivants et leur chien en 1995, ce car de 53 retraités en 1996… « J’ai cru que c’était un bateau. » Mais tous deux ne sont pas près d’oublier les noyés, les voitures englouties ou les cris de deux femmes bloquées sur le toit de leur voiture un soir de réveillon. « Les gens ne rendent pas compte du danger. »

Aujourd’hui, Georgette et Gilles confient ne jamais emprunter le Gois. « Nous faisons le tour (par le pont) pour aller le regarder de l’autre côté. »

 ?? | PHOTO : OUEST-FRANCE ?? Georgette et Gilles Grondin ont conservé de nombreuses photos et coupures de presse sur le passage du Gois.
| PHOTO : OUEST-FRANCE Georgette et Gilles Grondin ont conservé de nombreuses photos et coupures de presse sur le passage du Gois.
 ?? | PHOTO : DR ?? Des files interminab­les de voitures ont défilé devant l’établissem­ent.
| PHOTO : DR Des files interminab­les de voitures ont défilé devant l’établissem­ent.

Newspapers in French

Newspapers from France