Dimanche Ouest France (Vendee)
Le Printemps du livre fait- il du bien aux libraires ?
Pour les libraires partenaires, le festival est unmarathon de trois jours. Des milliers d’ouvrages sont vendus par les professionnels du livre qui reçoivent, à leurs stands, auteurs populaires et moins célèbres.
Des milliers de visiteurs attendent patiemment la dédicace des auteurs. Des files si longues qu’on n’en voit à peine le bout. Nous sommes au Printemps du livre de Montaigu, où 200 auteurs sont présents pendant trois jours, sur les stands des librairies vendéennes.
Pour elles, c’est « une opération littéraire et commerciale exceptionnelle », soutient Christel Rafstedt, gérante du Livre dans la théière, à Rocheservière et présidente des libraires indépendants des Pays de la Loire.
La librairie yonnaise Siloë est présente au festival du livre depuis sa création, il y a plus de trente ans. Son patron, Pierre-Yves Camiade, assure faire un beau chiffre d’affaires en trois jours, « grâce à un salon qui a sa renommée, dans le top 5 des Français ». Toutefois, il pondère : « Lechiffre d’affaires n’est pas égal à la rentabilité. Sur place, on essaie de ne manquer de rien, donc nous faisons toujours trop de stock, il y a le coût des salariés, le coût des transports pour les livres… Le Printemps du livre, ce n’est pas la poule aux oeufs d’or, mais c’est rentable. »
Surtout un moment de rencontre
Pour lui, le principal bénéfice est pour l’équipe de la librairie : « C’est valorisant pour elle. C’est un vrai temps fort dans l’année », dit celui qui, l’an passé a organisé un repas au restaurant avec ses collaborateurs, « cette année, on va essayer de marquer le coup d’une autre manière ! » Valorisant aussi pour son métier de libraire : « Ça lui donne encore plus de sens, c’est motivant et ça nous permet de monter en compétence dans le conseil client en boutique, car nous avons la chance de rencontrer des auteurs variés. »
À la Librairie 85 000, spécialiste de la littérature jeunesse et bande dessi
née, on se prépare à « un week- end bien sportif », s’enthousiasme la cogérante, Cécile Prouteau- Chouard. La notoriété de la manifestation aide aux bonnes affaires et ce qu’elle apprécie encore plus, c’est « de se retrouver avec d’autres libraires et d’échanger tout en sortant de son espace de travail habituel ».
Olivier Allemand, gérant de la Maison de la presse de Montaigu, fait aussi de beaux résultats lors du Printemps du livre. Ceux- là compensent « la baisse d’activité annuelle du mois demars pour la librairie àMontaigu. Elle s’explique facilement : les gens se réservent pour le Printemps du livre ! » Pierre-Yves Camiade confirme. Alors que le panier moyen, dans sa librairie, est de 26 €, « pendant le festival, les gens ne comp
tent plus. Il y en a certains, c’est une évidence, ils font leurs achats pour l’année ! »
Un vrai « boost » pour les libraires partenaires qui est lié, selon Christel Rafstedt, à « l’alliance entre littérature populaire et les noms moins connus qui peuvent rencontrer leur public. Il y a aussi les dédicaces, les concerts et conférence, c’est tout l’intérêt de cette manifestation », qui, selon les libraires non- partenaires, n’a pas forcément d’impact sur leur propre chiffre d’affaires.
Delphine Ripoche, librairie Durance à Nantes, l’explique : « Le Printemps du livre de Montaigu n’a pas d’impact chez les libraires nantais. Quand il y a le salon Atlantide à Nantes, on y est, on y participe et il y a des retombées pour nous. Nos clients se ruent sur le programme. C’est un salon en proximité géographique qui a de l’impact. »
Le sentiment est partagé par Alain Davy, du Passage culturel à Cholet qui, pourtant à seulement 30 km de Montaigu, ne voit aucune conséquence sur ses ventes : « Par contre, plus on parle de livres, d’auteurs, mieux c’est pour nous, pour la filière livre en général. Un gros salon, c’est toujours porteur, des lecteurs y vont et peuvent revenir chez nous après coup. » C’est aussi ce que pense la présidente des librairies indépendantes : « Toute manifestation littéraire qui diffuse largement amène à lire, donc le Printemps du livre va au- delà de son territoire. »