Dimanche Ouest France (Vendee)
Elle raconte son histoire d’influenceuse
Les influenceurs. DerrièreMme Maman se cache une Vendéenne, Sabine Roulet, habitant près des Herbiers. Elle est suivie par une communauté de presque 90 000 personnes sur Instagram.
Rencontre
« Si on m’avait dit, il y a dix ans, qu’un jour je gagnerai ma vie grâce aux réseaux sociaux, j’aurais ri. » Pourtant, c’est bien comme cela que Sabine Roulet, ancienne commerciale de 33 ans, rempli ses caisses aujourd’hui.
Le prénom et le nom de cette maman vendéenne de quatre enfants sont presque inconnus. Et pourtant, Mme Maman, son nom d’influenceuse, est suivie par une communauté de presque 90 000 personnes sur Instagram.
« Le terme influenceur n’existait même pas ! »
Son histoire d’influenceuse commence il y a presque dix ans. À cette période, Sabine et son époux, David, décident de se lancer dans l’aventure de l’instruction en famille plutôt que d’envoyer leur aînée en école classique. Sabine Roulet se renseigne sur internet, à travers des blogs.
« Très vite, jemesuis dit que j’allais partager cela avec des personnes qui pourraient être intéressées, qui voudraient se lancer, mais aussi avec ma famille, qui vivait loin de nous », explique Mme Maman.
Son compte Instagram naît il y a dix ans, « je crois que le terme influenceur n’existait même pas ! ». Sur le réseau social, elle ne publie que des photos de l’école à la maison, et des idées d’activité, « et je détaillais tout ça sur mon blog ».
Un métier qui « améliore mon quotidien »
Tout doucement, la communauté de Mme Maman grandit. Sabine Roulet commence à publier plus d’images de sa vie personnelle, « le life style, mais toujours en lien avec mes enfants ».
Son compte bascule il y a six ans, en pleine période de Noël, un moment « qu’on adore, chez nous ». Chaque année, toute la petite famille réalise un grand sapin de Noël avec, à son pied, un train électrique. « Cette année- là, je pose une Go pro sur le train, je publie la vidéo et je tague la marque. Rapidement, les représentants de la marque m’envoient un message en me disant qu’ils adorent ma vidéo et me proposent de m’envoyer un coffret que je peux mettre en valeur sur mes réseaux sociaux. »
Sabine Roulet découvre un nouveau monde, elle se lance dans une première collaboration non rémunérée qui lance sérieusement son compte Instagram.
« Je ne gagnais rien, mais je pouvais gâter mes enfants »
Curieuse, la jeune femme cherche d’autres marques qui pourraient être intéressées. « C’était super pour moi, j’étais mère au foyer donc je ne gagnais rien, mais je pouvais gâter
mes enfants et faire découvrir à d’autres. Très vite, j’ai fait des collaborations autour du monde de l’enfance, de l’école à la maison, des jeux et jouets. » Le compte gagne en nouveaux abonnés, Et au fur et à mesure, Mme Maman construit son univers sur Instagram.
« J’ai mis du temps à le créer, il fallait que je me professionnalise, que je me fasse des contacts, que je les entretienne »,
dit- elle.
Et en 2019, une marque approche celle qui va commencer à gagner sa vie comme influenceuse. « Elle me propose une collaboration rémunérée. Je me suis dit que c’était pas mal, que je me ferai 100 ou 200 €, et que je verrai bien », explique Sabine Roulet.
La trentenairemonte sa petite entreprise et relance les marques avec lesquelles elle travaillait jusque- là bénévolement, « je leur propose de les facturer, et ça fonctionne ! » L’influence démarre, avec un grand élan
donné par le Covid : « Il n’y avait plus de magasins ouverts, les marques avaient besoin des influenceurs ! »
« Les gens ne se rendent pas compte du temps que ça prend »
Au début, Sabine Roulet l’admet, elle a « envie de tout accepter », quitte à faire des erreurs « en acceptant des choses qui nem’intéressaient pas ». Elle pose son cadre pour « me respecter et respecter ma communauté ». Et passe de plus en plus de temps à son travail.
« Les gens ne se rendent pas compte du temps que ça prend. Il y a le contact avec les marques, tester les produits, faire des contrats pour moi, pour mes enfants, facturer, analyser la communauté, répondre aux gens, mais aussi récolter les statistiques que les marques veulent voir », énumère sans peine l’influenceuse.
Instagram est devenu son lieu de
travail. Alors le jour où son compte a été piraté en 2022, son monde s’est écroulé. « Je compare cela à quelqu’un qui embauche le matin et arrive face à son entreprise en feu », commente- t- elle.
Son compte était volé, par une personne mal intentionnée, « qui voulait que je le paye pour le récupérer ». Ce qu’elle finit par faire, non sans scrupule : « J’ai financé une personne malveillante mais je ne me voyais pas tout recommencer à zéro. »
Se rendant compte que tout pouvait s’arrêter du jour au lendemain, la jeune maman se demande si aujourd’hui, elle ne devrait pas multiplier les plateformes de diffusion de contenus, « mais j’ai encore un peu de mal avec Tik Tok », admet celle qui ne regrette en rien d’avoir fait ce choix professionnel « qui m’a permis d’améliorer mon quotidien et d’offrir des vacances à mes enfants ».