Dimanche Ouest France (Vendee)
La tapissière « touche du doigt un bout d’histoire »
Fontenay- le- Comte – Dans son atelier situé rue des Loges, Marie Gobin donne une seconde vie aux fauteuils. À l’occasion des Journées européennes desmétiers d’art, elle ouvre ses portes au public.
Des tissus de toutes les couleurs, aux formes, textures et motifs multiples, habillent des fauteuils minutieusement agencés en vitrine. Leur singularité marque l’oeil du passant qui se promène dans l’étroite rue des Loges, à Fontenay- le- Comte, où se situe le Comptoir du tapissier, l’entreprise de Marie Gobin.
« Les clients nous apportent une chaise ou un fauteuil, et notre rôle est de les restaurer, les remodeler, y accorder un tissu qui se coordonne avec les rideaux par exemple, les personnaliser » , liste la tapissière aux cheveux courts, vêtue d’une veste en jean et d’une robe à fleurs.
Un savoir- faire ancestral, mais aussi moderne
Donner une seconde vie, en d’autres termes, à des objets qui comportent « la plupart du temps une lourde charge affective » , assure Marie Gobin. « Les gens viennent nous voir avec des fauteuils ayant appartenu à leurs grands- parents qui eux- mêmes, parfois, l’avaient récupéré d’un proche » , relate- t- elle, en désignant un siège fabriqué en 1896. Quand il s’agit de restaurer un fauteuil de l’époque Louis XVI (XVIIIe siècle), entreposé dans l’atelier au numéro 105 – la boutique est au 108 - « on touche du doigt un bout d’histoire » , s’amuse l’artisane.
Afin de montrer « tout le travailqu’il y a derrière l’objet fini » , elle ouvre les portes de son atelier au public du vendredi 31 mars au dimanche 2 avril (de 10 h à 18 h) à l’occasion des Journées européennes des métiers d’art.
Serpenter entre la table de couture, nichée au fond de la boutique, les bobines de fil et les machines à coudre, donne à voir les étapes nécessaires à l’aboutissement de cette tâche.
Dans un coin, une chaise amenée le matin même, se pare déjà de ce qui sera sa nouvelle peau : un tissu bleu nuit pour la face extérieure et des couleurs allant du vert kaki au beige pour l’assise.
Passion des « beaux gestes »
Mais une large partie du travail accompli se cache sous cette couverture. « Nous perpétuons un savoirfaire issu du XVIIIe siècle » , explique Marie Gobin. Le procédé consiste à mettre à nu le bois, le cingler, le guinder avec des ressorts, puis ajouter le
crin, le mettre en forme, et le modeler avec des points successifs : « cela nécessite des années d’apprentissage. »
Si Marie Gobin dit vouloir « perpétuer et mettre en valeur ce savoir- faire » , elle ne s’interdit pas, au contraire, de travailler avec des techniques plus modernes sur des créations de designers renommés. Comme le démontre une chauffeuse d’Osvaldo Borsani, un créateur italien, restauré à l’aide de mousse et mise en valeur dans un livre de présentation. À travers son ouvrage, elle dit s’inscrire dans une
« économie circulaire, dans cette volonté de ne plus jeter, de prolonger les choses ».
Cette passion, Marie Gobin l’a hérité de son mari, Pascal. Celle qui travaillait encore il y a 15 ans dans le service à la personne, s’est reconvertie, fascinée par « ces beaux gestes » propres au tapissier. Après une longue période d’apprentissage auprès de son conjoint, elle se consacre désormais à « la partie couture et conception »