Dimanche Ouest France (Vendee)
La sélection du bout du monde vient pour grandir
L’équipe U16 de Nouvelle- Calédonie, en quête d’expérience et d’apprentissage, affronte ce soir l’Angleterre, grosse cylindrée européenne.
« On avait moins de kilomètres à faire quand je venais avec le FC Nantes » , sourit Johann Sidaner. À la tête de la sélection A de Nouvelle- Calédonie depuis l’été dernier, l’ancien responsable de la préformation des Canaris, entraîneur des U16 du FCN durant plusieurs années, a, cette année, effectué un long voyage pour accompagner la sélection jeunes au Mondial de Montaigu. Un tournoi qu’il a gagné en 2015, avec la génération 1999 nantaise d’Imran Louza.
Cette fois, il lui aura donc fallu parcourir plus de 16 000 kilomètres pour atteindre la Vendée, avec une vingtaine de joueurs des étoiles plein les yeux. « C’est leur première participation à un tel tournoi, souligne l’ancien entraîneur de l’USSA Vertou. Une invitation comme ça, c’est prestigieux. Ce n’est pas anodin. » Pour les cinquante ans du Mondial de Montaigu, le président Michel Allemand souhaitait des équipes des cinq continents. L’Océanie sera ainsi bien représentée, par la Nouvelle- Calédonie que connaît également très bien Christophe Coursimault, ex- entraîneur du FC Montaigu, lui aussi passé par ce territoire du Pacifique qui possède sa propre sélection affiliée à la Fifa depuis 2004.
Trois fois moins de licenciés qu’en Vendée
Sur l’archipel de moins de 300 000 habitants, on compte à peine 10 000 licenciés, quand on en recense plus de 30 000 dans le seul district de Vendée. Issus de plusieurs clubs de l’île - seuls trois évoluent en métropole, dont un au centre de formation des Girondins de Bordeaux -, les jeunes Calédoniens qui disputeront le tournoi à Montaigu n’ont pas l’expérience des nations qu’ils affron
teront tout au long de la semaine. Mais un travail sérieux derrière eux, mené par le sélectionneur de cette équipe U16, Léonardo Lopez (ex- Stade Bordelais).
Tout récemment qualifiés pour la Coupe du monde U17 de cette année au Pérou, ils récoltent peu à peu les fruits des actions menées par la fédération, dont la récente création d’une académie à Nouméa. « Deux tiers de la sélection en vient » , souligne Johann Sidaner. Avec l’espoir de marcher sur les traces de leurs illustres prédécesseurs kanaks Antoine Kombouaré ou Christian Karembeu, champion du monde 1998, les jeunes « Cagous » travaillent avec les moyens dont ils disposent. « La fédération a mis ce qu’il fallait, l’académie permet aux garçons de s’entraîner sérieusement. Il y a aussi quelques rassemblements. La prépara
tion est bonne, ils ont joué contre une ou deux équipes seniors. On a essayé de les aguerrir. Mais il n’y a pas forcément d’autres moyens de se préparer. Chaque déplacement est long et coûteux. C’est ça, la limite. Tu ne peux pas souvent te confronter à d’autres nations. »
En ce sens, leMondial de Montaigu apparaît comme une réelle opportunité de grandir. « Là, tu apprends puissance 100 par rapport à ce qu’ils vivent dans leur championnat local, sait Johann Sidaner. Il y a apprendre, et le vivre. On ne veut pas que ce soit quelque chose de trop violent. » Le premier match face à l’Angleterre, ce soir à La Roche- surYon, s’apparente en ce sens à un vrai plongeon dans le grand bain. « On travaille pour ne pas être surpris » , rappelle leur accompagnateur, conscient du fossé existant sur le papier
entre ces deux équipes.
Athlétique malgré de plus petits gabarits que ses futurs adversaires belges, la sélection calédonienne n’a « techniquement pas grand- chose à envier » . Si l’absence de clubs de haut- niveau sur l’archipel ne permet pas aux jeunes de s’imprégner depuis tout petit des attitudes des joueurs professionnels, comme peuvent le faire les enfants nantais en allant à la Beaujoire, Johann Sidaner aimerait surtout que ces U16 empreints d’humilité repartent de Montaigu avec un petit plus, au- delà de l’apprentissage du terrain. « Il faut qu’ils prennent conscience que ce sont tous de bons footballeurs » , souhaite l’homme à l’âme de formateur. Et le tournoi serait alors, de ce point de vue, déjà une victoire.