Dimanche Ouest France (Vendee)
Stress, sommeil: laskippeuseenparleauxsoignants
Gérer son stress, prendre du temps pour se reposer… Forte de son expérience extrême, Isabelle Joschke a échangé avec les soignants du centre hospitalier départemental, à La Roche- sur-Yon.
Une rencontre surprenante. À première vue, le métier de skippeuse et celui de médecin, d’infirmière, ou d’aide soignante, n’ont rien à voir. Le point commun ? Le stress, l’impossibilité de se reposer, de recharger les batteries dans les moments de tension. Isabelle Joschke, skippeuse MACSF participante au Vendée Globe de 2020 – elle y retournera en 2024 – et à la Route du Rhum en 2022, a partagé son expérience devant une partie du personnel du centre hospitalier départemental (CHD), ce vendredi. Au centre de son récit : la gestion du stress, le sommeil et la nutrition. Entre 30 et 40 personnes étaient présentes.
Un témoignage en écho au vécu des soignants
« En mer, quand mon bateau menace de chavirer, c’est clair. C’est un stress d’ordre vital qui est moins dur à gérer que le petit stress permanent. Celui qui naît d’un problème au moment où on l’attend le moins, celui qui puise votre énergie vitale » , relate la sportive de haut niveau. Un témoignage qui fait écho aux réalités vécues dans les services hospitaliers. « Il y a beaucoup de similitudes, affirme Pauline, médecin gériatre. Quand vous êtes en situation d’urgence avec deux patients en situation fragile, il y a un côté stressant. » « On a les mêmes problématiques, sur le sommeil, le stress ou la nutrition en période de garde, même si c’est sur
un temps plus court », abonde Alexis, médecin anesthésiste.
Pendant près d’une heure, Isabelle Joschke détaille les étapes marquantes de ses courses, et les difficultés associées : « Pendant plusieurs années, je ne savais pas dormir sur le bateau. J’avais trop peur de rentrer dans un paquebot, je me réveillais au bout de deux minutes ! »
Au fur et à mesure, elle raconte avoir réussi à dompter le stress lié au danger inhérent en mer, et à s’accorder des sessions de… quinze minutes de sommeil au minimum. Si ce temps paraît court, il témoigne de l’un des messages forts passés par la skippeuse ce vendredi : concernant la nutrition comme le sommeil, il faut savoir prendre des temps pour « se régénérer » .
« J’ai un rendez-vous dans deux minutes »
« Je retrouve mon quotidien professionnel dans ce qu’elle dit, cette impression que ça ne va jamais s’arrêter, explique Emmanuelle, médecin anesthésiste. C’est fatigant physiquement et psychologiquement. C’est pour ça que je fais attention à mon sommeil, je valorise les moments sans stress. »
À la fin de la rencontre, certains participants s’approchent d’Isabelle Joschke, pour discuter avec elle, la remercier, lui faire signer un autographe. L’autre moitié s’engouffre dans la porte de sortie, parfois au son des bipeurs. « Vous avez un moment pour répondre à quelques questions ? » « Ah non, là désolé, j’ai un rendez-vous dans deux minutes » , répondent plusieurs blouses blanches. Et le quotidien reprend.